Les mousquetaires juifs du siège de Sarajevo

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DAMIR SAGOLJ POUR “LE MONDE”

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Sarajevo-Jérusalem (3/6). La communauté juive a, pendant la guerre de Bosnie, lancé une incroyable opération humanitaire, organisant l’évacuation de 2500 Sarajéviens et portant assistance aux assiégés. Israël a de son côté vu débarquer des centaines de « juifs sarajéviens » très peu juifs…

Cinq siècles après avoir été expulsés de l’Espagne catholique et cinq décennies après avoir survécu au génocide orchestré par l’Allemagne nazie, les juifs de Sarajevo se retrouvent, au moment où la ville est encerclée par l’armée serbe, qui menace de la conquérir pour la diviser ou la détruire, à un nouveau carrefour de leur histoire. En cette année 1992, quelques hommes vont alors prendre en main le destin de leur communauté et, au-delà des juifs, aider à sauver des milliers de Sarajéviens.

Comme les trois mousquetaires, ils sont quatre : Ivan Ceresnjes, Jakob Finci, Danilo Nikolic et Boris Kozemjakin. Le premier préside la communauté juive de Bosnie-Herzégovine, le deuxième dirige son association d’aide humanitaire, La Benevolencija, et les deux derniers vont, eux aussi, avoir des responsabilités dans l’une des plus incroyables opérations de sauvetage que l’ex-Yougoslavie ait connues. Pour la mener à bien, les uns et les autres pourront compter sur une armée de bénévoles, amis ou voisins, médecins et infirmiers, et simples volontaires, juifs ou non.

Ivan Ceresnjes, qui présidait la communauté juive de Bosnie-Herzégovine en 1992, a été l’un des organisateurs de l’opération de sauvetage de centaines de Sarajéviens et de leur départ pour Israël pendant la guerre de Bosnie (1992-1995). Ici, lors d’un entretien, le 29 mai  2019, avec « Le Monde » à Jérusalem, Ivan montre le badge que sa grand-mère devait porter lors de la seconde guerre mondiale.
Ivan Ceresnjes, qui présidait la communauté juive de Bosnie-Herzégovine en 1992, a été l’un des organisateurs de l’opération de sauvetage de centaines de Sarajéviens et de leur départ pour Israël pendant la guerre de Bosnie (1992-1995). Ici, lors d’un entretien, le 29 mai  2019, avec « Le Monde » à Jérusalem, Ivan montre le badge que sa grand-mère devait porter lors de la seconde guerre mondiale. DAMIR SAGOLJ POUR “LE MONDE”

Rien n’avait prédestiné un architecte comme Ivan Ceresnjes ou un juriste comme Jakob Finci à ce qu’ils vont accomplir jour après jour, durant une guerre de quatre ans (1992-1995). La seule différence qu’ils avaient alors avec les autres Sarajéviens résidait dans le fait d’être juifs et d’avoir un certain sens de la mémoire. Lorsqu’on est issu d’une communauté exterminée dans cette ville à 80 % cinq décennies auparavant, cela aiguise la sensibilité et invite à la prudence face aux menaces de guerre.

« A Sarajevo, jamais ! »

Alors que la Yougoslavie s’effondre, que certaines républiques proclament leur indépendance de Belgrade, que la Serbie lance son armée à l’assaut de Vukovar et de la Krajina et assiège Dubrovnik, la perle de l’Adriatique, aucun Sarajévien ne croit que le conflit puisse arriver à sa porte. Dans les cafés de la ville, chacun répète inlassablement, durant des mois et en dépit de forts signes avant-coureurs : « A Sarajevo, jamais ! »

La ville n’a-t-elle pas été la nouvelle Tolède, symbole pour les sépharades d’un idéal de coexistence, puis le parfait équilibre entre Istanbul et Vienne, entre Orient et Occident, et enfin la quintessence de l’idée yougoslave, cette mosaïque de peuples unis depuis cinq décennies ? N’est-elle pas la seule ville d’Europe musulmane et chrétienne où les juifs n’ont jamais connu de ghetto ? Et aussi, même si rien n’est parfait en ce monde, la cité de la douceur de vivre par excellence, de tant d’histoires d’amour et de mariages mixtes que peu de familles peuvent se revendiquer d’une appartenance ethnique unique, et le lieu de l’expérience peut-être la plus aboutie de coexistence intercommunautaire ?

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