Les mille et une vies politiques d’Abdelaziz Bouteflika

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Par Charlotte Bozonnet, Florence Beaugé et Amir Akef

Dans l’ombre de Boumediene pendant la décolonisation, ministre des affaires étrangères du président Ben Bella avant de connaître la disgrâce, Abdelaziz Bouteflika a fait toute sa carrière dans les sphères du pouvoir.

« Je suis l’Algérie tout entière », avait-il déclaré en 1999 en accédant pour la première fois au pouvoir. Les vingt années qui suivirent ne démentirent pas l’ambition de l’homme ni l’obsession du dirigeant. De tous les présidents algériens, Abdelaziz Bouteflika aura eu la plus grande longévité à la tête de la République algérienne démocratique et populaire. Une carrière à l’image de l’histoire du pays, tumultueuse.

L’homme a eu plusieurs vies. Il naît le 2 mars 1937 à Oujda, au Maroc, dans une famille modeste, originaire de Tlemcen, ville algérienne proche de la frontière marocaine. A peine finies ses études secondaires, il rejoint les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN) pour combattre la présence coloniale. Il a alors 19 ans.

Inspecteur de la wilaya 5 (l’une des zones de combat de l’ALN), commandant du « front malien » ouvert à la frontière sud de l’Algérie, il fait partie, à l’indépendance du pays en 1962, du groupe de l’état-major de l’armée des frontières, que dirige le colonel Houari Boumediene.

Houari Boumediene (à gauche) et Abelaziz Boutelika (à droite) à Oran, le 19 juin 1970.
Houari Boumediene (à gauche) et Abelaziz Boutelika (à droite) à Oran, le 19 juin 1970. Guy Le Querrec / Magnum Photos

Bouteflika commence sa carrière dans l’ombre de ce mentor. En septembre 1963, le premier président de l’Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella, lui confie les affaires étrangères. L’expérience politique du jeune promu de 26 ans, député de Tlemcen, est mince. Son limogeage, deux ans plus tard, par Ben Bella, servira de détonateur à un coup d’Etat : le 19 juin 1965, Houari Boumediene évince Ben Bella et prend sa place. Bouteflika est maintenu aux affaires étrangères.

Un habile diplomate

Commence la période flamboyante de la diplomatie algérienne. L’Algérie se veut alors le porte-parole du tiers-monde. Sous la houlette de Bouteflika, elle va maintenir la balance entre les Etats-Unis et l’Union soviétique, nationaliser les hydrocarbures, épauler les mouvements de libération, fustiger l’Afrique du Sud et son régime d’apartheid. L’homme acquiert à cette époque une réputation de redoutable et habile interlocuteur.

Promoteur d’un nationalisme ombrageux, il agace les uns, séduit les autres, mais ne laisse jamais indifférent. Boumediene lui passe tous ses caprices. A l’inverse de son parrain, un ascète, Bouteflika est bon vivant, jouisseur, amateur de bonne chère, de costumes bien coupés, de femmes. Lorsque Boumediene disparaît, le 27 décembre 1978, Bouteflika découvre la réalité du système algérien : c’est l’armée qui préside. C’est elle qui choisit le président de la République. Lui, le dauphin naturel, se retrouve ainsi peu à peu écarté au profit du colonel Chadli Bendjedid. S’ensuit une période de disgrâce. La Cour des comptes le poursuit pour malversation financière et détournement de fonds.

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