Les médias, passion fatale de Benyamin Nétanyahou

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JERUSALEM - FEBRUARY 02: (ISRAEL OUT) Israeli opposition leader Benjamin Netanyahu (L) is surrounded by media during a campaign tour February 2, 2009 in east Jerusalem, Israel. The truce between Israel and Hamas has become increasingly tenuous, posing a challenge to the centrist-led Israeli government as the February 10 elections near. (Photo by Uriel Sinai/Getty Images)

URIEL SINAI / GETTY / AFP

Par Piotr Smolar

Le premier ministre israélien, qui brigue un cinquième mandat lors des législatives du 9 avril, entretient des relations électriques avec les journalistes, qui voudraient sa perte. Au point de les contourner et de les prendre pour une cible de campagne.

Ça commence par une dénonciation anonyme. Une affiche qui attire l’attention des conducteurs le long du périphérique à Tel-Aviv, avant d’être dupliquée à l’infini sur les réseaux sociaux. On y voit quatre célèbres journalistes israéliens : Raviv Drucker (Channel 10), Guy Peleg et Amnon Abramovich (Channel 12) et enfin Ben Caspit, du quotidien Maariv. Le slogan claque : « Ils ne décideront pas. »

Voici donc les médias accusés de vouloir voler aux Israéliens les élections législatives du 9 avril. Le lendemain, le Likoud (droite), la formation de Benyamin Nétanyahou, revendiquait la paternité de cette affiche. « Depuis trois ans, la gauche et les médias traquent le procureur général afin qu’il déclenche une inculpation à tout prix », justifiait une vidéo, postée sur la page Facebook du premier ministre.

Ce dernier est sous la menace imminente d’une procédure d’inculpation dans trois enquêtes pour corruption, dont deux concernent ses rapports avec des médias, le quotidien Yediot Aharonot et le site d’information Walla !, qu’il voulait acquis à sa cause.

Plus que jamais, c’est lui, « Bibi », contre tous : les candidats de centre-droit rêvant de le faire trébucher, le procureur général, les ONG de gauche, mais surtout les journalistes. Alors qu’il brigue un cinquième mandat, Benyamin Nétanyahou s’épanouit en crise permanente. Il se voit en bête traquée, mais indispensable à son pays.

Lui, l’homme lettré, doté d’une expérience internationale que peu de dirigeants égalent, semble prêt à tout brûler : les contre-pouvoirs comme la décence qui sied, en principe, à un homme d’Etat. « Attaquer la presse marche avec sa base, explique Oren Persico, journaliste au site spécialisé The 7th Eye. Les médias font réellement partie des élites anciennes, laïques, de gauche, surtout ashkénazes, sises à Tel-Aviv. Malgré le bouleversement qu’a été l’arrivée de la droite au pouvoir avec Menahem Begin, en 1977, celle-ci continue de diffuser l’idée qu’elle ne contrôle pas le pays, car la Cour suprême, les milieux académiques et la presse seraient contre elle. Et il y a une part de vérité là-dedans. »

Intoxication

Cette tension entre Nétanyahou et les médias n’est donc pas seulement le fait de circonstances récentes. Ses racines remontent loin. Le dirigeant israélien, sur le point de dépasser en longévité le père de l’Etat, David Ben Gourion, reste mû par une forme de rage à l’encontre des journalistes. Il les méprise, les rêve soumis et inoffensifs, attendant la becquée. Eux-mêmes portent une part de responsabilité : dans ce secteur très concurrentiel, une intoxication à Nétanyahou s’est développée au fil du temps. Sans lui, sans les excentricités de sa femme Sara et les scandales qui les escortent, la vie médiatique serait ordinaire. Personne ne suscite autant d’émotions, de révélations et surtout de commentaires. « La presse est libre, mais pas indépendante, affirme Assaf Sharon, l’un des fondateurs du centre d’études Molad (gauche), qui regrette le manque de moyens consacrés à l’investigation. Les critiques contre Bibi dans les journaux sont celles dont il a besoin pour afficher l’image d’une société libre et démocratique. »

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