« Les manifestations du changement climatique s’intensifient, leur impact sur les Etats et les sociétés aussi »

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Transport d’eau depuis un réservoir quasiment asséché dans les environs de Chennai, en Inde, en juin 2019. L’Inde devrait être confrotnée à un stress hydrique ou élevé vers 2040, estime Serge Stroobants, de l’Institute for Economics and Peace.

Le changement climatique est-il vecteur de conflits et de déstabilisations dans le monde ? En d’autres termes, est-ce que le stress hydrique, les ouragans, les inondations, les incendies, la fonte des glaces dégradent, d’une façon ou d’une autre, les relations internationales ? « Le changement climatique est de plus en plus considéré comme une cause de déstabilisation des Etats, la corrélation entre fragilité politique et vulnérabilité au changement climatique ne fait plus de doute », estime Etienne Bassot, le directeur du service de recherche pour les députés au Parlement européen, qui s’appuie, notamment, sur l’indice Normandie.

Cet outil mesure le niveau des menaces pesant sur la paix, la sécurité et la démocratie à l’échelle de la planète et permet de dresser ce qui est appelé le « profil de risque » pour chaque pays analysé. Rendue publique en septembre, sa seconde édition permet, comme la précédente parue en 2019, de comparer le niveau de paix d’un pays ou d’une région à l’autre.

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Fruit d’un partenariat entre le Parlement européen et la région Normandie, cet indice a été conçu et préparé en collaboration avec et sur la base de données fournies par l’Institute for Economics and Peace (IEP). L’occasion d’un entretien avec Serge Stroobants, directeur Europe, Moyen-Orient et Afrique du Nord de cette ONG internationale dont le siège est à Sydney.

Dans quelle mesure le changement climatique a-t-il un impact sur les relations internationales ?

En quarante ans, le nombre de désastres naturels a quadruplé et cela pèse de façon croissante sur les conditions de paix et de sécurité dans le monde. Comme les manifestations du changement climatique s’intensifient, leur impact sur les Etats et les sociétés aussi, et ce, qu’il s’agisse des cyclones, de la sécheresse, de la montée des températures et des océans.

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D’après les données de notre institut, 19 pays les plus concernés par le changement climatique figurent également parmi les 40 pays les moins pacifiques de la planète.

Dans quelles zones du globe le cumul du changement climatique et des conflits pèse-t-il le plus sur les populations ?

Nous avons identifié trois grandes zones dans le monde. Il s’agit tout d’abord de toute la bande sahélienne, de la Mauritanie à la Somalie, où nous constatons qu’à l’extrême violence actuelle s’ajoutent l’intensification de la désertification due à la montée des températures, le stress hydrique, la raréfaction des ressources alimentaires et l’explosion démographique. Dans cette zone, le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont particulièrement concernés par le cumul changement climatique et conflits.

La deuxième bande qui subit ce double choc part de l’Angola et s’étend jusqu’au Mozambique et à Madagascar. Quant à la troisième bande, elle va du Moyen-Orient jusqu’en Asie du Sud. Au total, plus de 1 milliard de personnes vivent dans les 31 pays de ces trois zones. Leur résilience, c’est-à-dire leur capacité à surmonter changement climatique et conflits, est quasi nulle.

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Au-delà de ces trois bandes, vers 2040, 5,4 milliards de personnes, notamment en Chine et en Inde, vont devoir affronter un stress hydrique élevé ou extrême, qui engendrera, à n’en pas douter, pénuries alimentaires et violences.

Quelles autres conséquences sont à prévoir dans les prochaines années ?

Les menaces écologiques et la fragilisation des 31 pays les plus touchés ont le potentiel d’augmenter de manière considérable le nombre de personnes déplacées et de réfugiés, selon les données de notre récent rapport, « Ecological Threat Register ». Trois grands flux migratoires existants pourraient prendre de l’ampleur, en provenance d’Afrique, d’Asie du Sud et du Moyen-Orient, d’Amérique centrale et du Sud.

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Que faire pour tenter d’éviter ces scénarios ?

Il convient de mieux orienter l’aide internationale au développement qui porte sur les questions climatiques. Elle est, certes, passée de 1 milliard d’euros il y a une quinzaine d’années à 34 milliards aujourd’hui, mais elle est mal ciblée, en plus d’être insuffisante. Sur la vingtaine de pays les plus touchés par le changement climatique, seuls deux d’entre eux reçoivent les sommes nécessaires. Il faut revoir cela.

Par ailleurs, nous estimons que ces aides et/ou ces investissements ne devraient pas émaner des seuls gouvernements, mais aussi du secteur privé. Les entreprises sont aux premières loges pour, par exemple, fournir des solutions innovantes permettant de faciliter l’accès à l’eau et en permettre une meilleure gestion.

Et surtout, il est urgent d’augmenter le niveau de résilience de nombreux pays. C’est le concept de « paix positive » porté par l’Institute for Economics and Peace. En deux mots, il s’agit pour chacun des Etats de contribuer à créer, à maintenir et à développer la paix sur la Terre.

Comment ?

En cultivant à tous les niveaux les attitudes, les institutions, les processus qui permettent d’engendrer un monde pacifié. D’après nos recherches, les pays qui ont un haut niveau de paix positive connaissent moins d’impacts liés aux désastres naturels.

Cet article fait partie d’un dossier réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le Forum mondial Normandie pour la paix qui se déroule le 1er et 2 octobre à Caen. Pour en savoir plus, c’est ici.

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