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A Antananarivo, le nombre de vendeurs de rue a nettement diminué avec le confinement décrété le 23 mars pour la capitale malgache. Et les rares qui persistent ont remplacé leurs bibelots habituels par des branchages aux feuilles vert mat ou argentées. Il s’agit d’eucalyptus, d’eucalyptus blanc (« kininim-potsy » en malgache) et de ravintsara (une espèce endémique de la Grande Île), des plantes réputées pour dégager les voies respiratoires.
Une bonne affaire, comme l’explique Lucia qui a renoncé à vendre des vêtements : « Avant, le tas de branches se vendait 1 000 ariary [0,24 euro] et, depuis le coronavirus, c’est passé à 5 000 ariary [1,22 euro] », explique-t-elle en montrant les précieux végétaux soigneusement empilés sur son petit stand qui trône en plein soleil sur le boulevard de l’Indépendance.
Eliane, masque sur la bouche, en achète trois. « C’est pour faire des décoctions, explique cette fonctionnaire. J’en bois une tasse chaque soir et je fais des inhalations. Ensuite, je prends un thé avec du citron, du miel, du gingembre et de l’ail. Il faut bien tout mélanger pour que ça fasse effet. » Les citrons, qui se vendaient 1 000 ariary pour quatre avant l’arrivée du coronavirus, sont montés à 1 000 ariary pièce. « Bien sûr, poursuit Eliane, ça ne guérit pas du coronavirus. Mais si on peut éviter de l’attraper grâce aux plantes du pays… »
« Lutter contre les fièvres paludéennes »
Il suffit de s’avancer un peu plus loin sur le marché pour voir à quel point les vendeurs de « fanafody » – remèdes en malgache – ont essaimé. Rhizomes de curcuma, gousses d’ail, feuilles de brède mafane séchées (« ananambo ») font le bonheur des acheteurs. « Je vous promets, il suffit de croquer cette baie pour guérir du corona », s’écrie une vendeuse en brandissant un petit fruit rouge tacheté de noir, appelé « voamaintilany » et originaire du sud-est de la Grande Île. « Dès qu’on a su que le coronavirus était arrivé à Madagascar et que ça ressemblait à une grippe palu, on s’est tous mis aux inhalations dans la famille, confie aussi Solofo, chauffeur guide. Le ravintsara et l’eucalyptus sont connus à Madagascar pour lutter contre les fièvres paludéennes. »
L’usage des plantes médicinales chez les Malgaches est effectivement très courant. La visite chez le guérisseur aussi, quoique plus répandue en province que dans la capitale. « Des gens sont venus me consulter dès le début de l’épidémie en Chine, explique Tsiry, tradipraticien à Antananarivo. Ils voulaient tous des remèdes en prévention. Je leur prescris beaucoup d’huiles essentielles qu’on utilise d’ordinaire pour l’asthme, comme celle de mandravasarotra ou de feuille de girofle. Les clients achetaient les flacons par cinq ou six ! ». En malgache, « mandravasarotra » signifie « qui détruit les maladies ».
La Grande Île est renommée mondialement pour ses plantes médicinales endémiques. La pervenche de Madagascar, par exemple, est notamment connue pour contenir de la vincristine et de la vinblastine, des molécules utilisées dans le traitement chimiothérapeutique de nombreux cancers. Les sociétés cosmétiques telles que Dior ou Yves Rocher importent d’ailleurs des plantes malgaches pour leurs produits cosmétiques.
Flopées de fausses recettes magiques
Une semaine après l’annonce du confinement, l’Institut malgache de recherches appliquées (IMRA) du défunt professeur Albert Ratsimamanga (1907-2001), l’un des plus prestigieux scientifiques malgaches, a distribué à des volontaires un médicament à base de plantes médicinales censé renforcer l’immunité face au Covid-19. Une initiative relayée par président de la République Andry Rajoelina, jeudi 26 mars, lors d’une allocution à la radio et à la télévision.
« C’est un mélange de plantes endémiques et introduites qu’on utilise dans la prévention de la grippe et qui sont sur le marché depuis trente ans, explique Charles Andrianjara, directeur général de l’IMRA. On les a associées à un nouveau mélange de plantes pour renforcer l’immunité vis-à-vis du Covid-19 ». Le traitement est à disposition des volontaires à l’Institut, pour le prix de 3 500 ariary pour une cure de quatre jours. Quelque 200 personnes y ont déjà eu recours. « C’est une poudre qu’il faut mélanger avec de l’eau. On filtre et on boit la décoction, détaille encore M. Andrianjara. Une demande d’autorisation de mise sur le marché auprès du ministère de la santé va être déposée cette semaine. »
Les réseaux sociaux se sont aussitôt emparés de cette annonce, transformant le médicament préventif en remède miracle contre le nouveau coronavirus, validé par l’Etat malgache et par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En même temps, les internautes s’échangent en ligne des flopées de fausses recettes magiques, à base de bicarbonate, de citron ou de feuilles de neem pour combattre le Covid-19 qui a contaminé 57 personnes à Madagascar, selon le dernier décompte du 1er avril de l’université Johns-Hopkins située à Baltimore, dans le Maryland (Etats-Unis).
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