« Les jeunes de Hongkong sont même prêts à mourir pour la cause »

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La députée du Conseil législatif de Hongkong Claudia Mo constate la détermination absolue de la jeunesse, qui se désole de voir le territoire ressembler « de plus en plus à une ville de Chine continentale ».

Par Publié aujourd’hui à 20h10, mis à jour à 20h20

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Claudia Mo manifeste aux côtés des militants prodémocracie, le 12 août 2019.
Claudia Mo manifeste aux côtés des militants prodémocracie, le 12 août 2019. MANAN VATSYAYANA / AFP

Agée de 62 ans, Claudia Mo est une ancienne journaliste, députée du Conseil législatif de Hongkong depuis 2012 pour le Civic Party, un parti qu’elle a cofondé. Sur la porte de son bureau, l’autocollant « Libérez Liu Xiaobo », le Prix Nobel de la paix 2010, mort en prison en 2017, ne laisse aucun doute sur son positionnement politique prodémocratique, très hostile à la Chine. Elle reçoit Le Monde mardi 13 août entre deux quintes de toux « provoquées par les gaz lacrymogènes » tirés par la police. Elle ne voit pas d’issue à la crise actuelle et soupçonne les autorités de Hongkong et de Pékin de vouloir jouer la politique du pire.

Lire : La stratégie de reprise en main chinoise ravive les protestations à Hongkong

Les autorités chinoises qualifient désormais de « signes de terrorisme » les protestations de Hongkong. Est-ce pour préparer les esprits à une éventuelle intervention de l’armée ou de la police de Pékin ?

Claudia Mo : Ils ne parlent que de « signes de terrorisme ». Cela leur donne une marge de manœuvre. C’est une façon très conventionnelle de procéder de la part des communistes chinois. Ils vous définissent d’abord et la répression s’ensuit. J’ai beaucoup de doutes sur le fait qu’ils déploient l’armée populaire chinoise, car ils savent que l’enjeu est énorme. Au fond, pour eux, Hongkong n’est qu’un adolescent qu’il faut discipliner. L’autre intérêt pour eux de parler de « signes de terrorisme » est de justifier une brutalité accrue de la police de Hongkong.

En tant que membre de l’opposition, quel est votre rôle dans ce mouvement ? Avez-vous été dépassés par les jeunes protestataires ?

Je ne dirais pas « dépassés ». Mais le fait est qu’on est une minorité dans ce Parlement. Pas parce que nous sommes impopulaires, mais parce que le système électoral tordu empêche les démocrates d’avoir plus de la moitié des sièges. Et si vous faites ou dites quelque chose qui sort de l’ordinaire, le pouvoir trouve toujours quelque chose dans la loi qui lui permet de vous disqualifier pour être candidat. Le fait est qu’en 2016, dans ma circonscription, il y avait deux brillantes femmes qui avaient été élues, mais ont été évincées au prétexte qu’elles ne prenaient pas au sérieux la cérémonie d’investiture. C’est impensable ! Je ne pouvais pas croire qu’ils arriveraient à évincer des représentants élus. Mais si, ils l’ont fait. Pour moi, ça a été un tournant. Je ne peux absolument plus faire confiance à ce gouvernement. Je comprends la colère et la frustration des jeunes. Pour eux, cette loi sur les extraditions vers la Chine, c’est le dernier combat. Cela fait vingt-deux ans que cela dure [depuis la rétrocession à la Chine en 1997]. Les jeunes sont même prêts à mourir pour la cause. Ils n’ont rien à perdre. Plusieurs se sont suicidés. Certains vous disent en privé : je ne veux pas me suicider mais suis prête à être tuée. Hongkong ressemble de plus en plus à une ville de Chine continentale. C’est ce qui dégoûte les jeunes.

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