« Les jeunes Algériens ne réclament plus de visas pour la France »

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Dans une tribune au « Monde », l’ancien ministre et écrivain constate que les manifestants en Algérie ne souhaitent pas quitter leur pays, mais cherchent au contraire à y vivre dignement.

Publié aujourd’hui à 05h00, mis à jour à 08h38 Temps de Lecture 3 min.

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Manifestation anti-Bouteflika à Alger, le 15 mars 2019.
Manifestation anti-Bouteflika à Alger, le 15 mars 2019. ZOHRA BENSEMRA / REUTERS

Tribune. Depuis plusieurs semaines, on a pu voir combien les manifestations, inédites, de millions d’Algériens contre le cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika à travers le pays sont remarquables par leur ampleur et l’incroyable jeunesse de leurs participants. Elles le sont aussi par le formidable esprit de civisme, de calme et de paix qui les anime, salué dans le monde entier, ainsi que par l’humour – si algérien ! – des slogans qu’on peut lire sur les pancartes des manifestants, la forte participation des femmes, les images des habitants agglutinés sur leurs balcons, heureux, les youyous…

Cette deuxième révolution, venue de la rue, porte en elle une étonnante force tranquille, comme si elle voulait exprimer l’inéluctabilité des changements qu’elle exige désormais. Les fantômes des anciens présidents tunisien Ben Ali et égyptien Hosni Moubarak planent au-dessus des foules algériennes. Comme pour dire que le recours à la violence n’est plus nécessaire pour marcher dans le cours de l’histoire en mouvement. Aucun autre pays arabe n’a connu pareil changement dans ces conditions. On a l’impression que le mot « citoyen » a surgi brusquement au cœur d’une Algérie étouffée depuis 1962 par « un système », chaque manifestant ayant pris conscience que sa participation avait un sens, du poids et de la considération.

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Beaucoup de descriptions fines et justes des foules, des slogans, des revendications, des atmosphères ont été faites par les commentateurs. A l’exception d’un chapitre, nous semble-t-il. En effet, il y a seize ans exactement, en mars 2003, un événement historique se déroulait à Alger et marquait la relation France-Algérie. Le président Jacques Chirac rendait pour la première fois depuis la fin de la guerre d’Algérie une visite officielle d’Etat. C’est sur la question de la circulation des personnes qu’il était le plus attendu.

Parmi les centaines milliers de personnes venues l’accueillir, on scandait : « Des visas ! Des visas ! » Les jeunes hurlaient ainsi leur désir de quitter un pays miné par la corruption, le chômage et le manque de perspectives. Les images sont encore gravées dans les mémoires. La France était encore un eldorado à cette époque. Or, le changement est radical aujourd’hui.

Algérie debout

Les jeunes Algériens ne réclament plus de visas pour la France. Ils ne sont plus candidats à l’exil, comme si la migration n’était plus d’actualité dans leur révolution. Debout, courageux et fiers, ils veulent rester chez eux, dans leur pays, même s’ils aspirent bien sûr comme d’autres à de meilleures conditions de circulation dans le bassin méditerranéen. Ils manifestent pour avoir droit à un pays, le droit d’y vivre dans la dignité, le « nif », comme ils disent dans leur langue.

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