« Les images de la révolution et “l’impossibilité d’une cinéphilie syrienne” »

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A l’occasion du Festival du film de Locarno, du 7 au 17 août, des cinéastes syriens réunis dans le collectif Abounaddara, écrivent, dans une tribune au « Monde », une lettre imaginaire au critique disparu Serge Daney, pour évoquer le cinéma national.

Publié aujourd’hui à 06h15 Temps de Lecture 4 min.

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Projectioniste au cinéma Fardos, à Damas, le 5 septembre 2013.
Projectioniste au cinéma Fardos, à Damas, le 5 septembre 2013. LOUAI BESHARA / AFP

Tribune. Cher Serge Daney [1944-1992], au printemps 1978, vous étiez, en tant que critique de cinéma, l’hôte du ciné-club de Damas pour une semaine de projections débats sur le thème « Cinéma et politique ». Nous n’y étions pas nous-mêmes, mais nos aînés nous ont parlé de vous bien plus que de Pier Paolo Pasolini, Agnès Varda ou Andrzej Wajda qui vous avaient précédé dans la mythique salle Al-Kindi. Ils nous ont raconté vos faits et gestes par le menu, à commencer par la soirée où, debout devant l’écran en berne, vous avez narré scène par scène le film de Jean-Luc Godard, Ici et ailleurs, qui venait d’être interdit par la censure de Hafez Al-Assad. Alors, forcément, nous vous avons pris pour un défenseur de la cinéphilie du pays. Jusqu’au jour où nous sommes tombés sur « Les journées de Damas », l’article où vous faites le constat de « l’impossibilité d’une cinéphilie syrienne ».

Au commencement, il y a le débat autour de Z qui enflamme le ciné-club. Ce film de Costa- Gavras n’étant à vos yeux qu’une banale « fiction de gauche », vous ne concevez pas qu’on lui trouve le moindre mérite esthétique. Or, observez-vous, nos aînés ne s’intéressent pas à l’esthétique du film. Ils en parlent moins en tant que cinéphiles qu’en tant que responsables préoccupés du tri à faire entre les bons et les mauvais modèles. Une attitude que vous expliquez par le régime de pénurie alors en vigueur en Syrie, étant entendu qu’il ne peut y avoir cinéphilie sans libre accès à une pléthore de films : d’où votre constat d’un « dialogue de sourds entre la pléthore et la pénurie, entre la cinéphilie occidentale, surtout française, et l’impossibilité d’une cinéphilie syrienne ».

Constat injuste

Pour fondé qu’il soit, ce constat nous a semblé injuste. Car s’il est vrai que la Syrie n’avait pas de « machine de production » permettant de démarrer un cinéma national dans le contexte de « l’impérialisme culturel » de la fin du XXe siècle, ce cinéma souffrait avant tout d’un empêchement politique, d’une pénurie organisée par la dictature pour brider l’imaginaire. Songez que Hafez Al-Assad a fait du cinéma un monopole d’Etat en 1970, parachevant ainsi la censure pratiquée par ses confrères putschistes militaires qui se relayaient au pouvoir depuis le lendemain de l’indépendance, en 1946.

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