« Les Hongkongais ne se gouvernent pas comme les Chinois du continent »

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La crise qui secoue Hongkong depuis deux mois risque de s’aggraver si les gouvernements hongkongais et chinois ne changent pas leurs méthodes de gestion. Or, ils ne semblent pas en prendre le chemin estime, dans une tribune au « Monde », la sinologue Chloé Froissart.

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 5 min.

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« La dernière chose que voudrait le président, c’est donner l’impression de céder à la pression des gouvernements et des médias occidentaux qui, selon lui, manipulent les Hongkongais » (Manifestants arrêtés par l’APL à Hongkong, capture d’écran).
« La dernière chose que voudrait le président, c’est donner l’impression de céder à la pression des gouvernements et des médias occidentaux qui, selon lui, manipulent les Hongkongais » (Manifestants arrêtés par l’APL à Hongkong, capture d’écran). HANDOUT / AFP

Tribune. La crise, initiée par un projet de loi d’extradition vers la Chine, est bien plus grave que le « mouvement des parapluies », qui défendait une véritable démocratisation pour Hongkong. Traditionnellement, les Hongkongais sont plus attachés à défendre leur identité – c’est-à-dire la semi-autonomie dont ils jouissent dans le cadre du principe « un pays, deux systèmes », dont l’indépendance de son système judiciaire est l’un des piliers – qu’à se mobiliser pour l’approfondissement des réformes politiques.

C’est pour cela que les mobilisations, qui ne montrent aucun signe d’affaiblissement depuis deux mois, ont d’emblée rassemblé une population plus nombreuse et plus diversifiée que le mouvement de 2014, qui était avant tout un mouvement étudiant.

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En ne répondant pas aux préoccupations des Hongkongais, dont plus d’un quart sont descendus dans la rue le 12 juin, la chef de l’exécutif Carrie Lam a fait en sorte que beaucoup pensent désormais que l’Etat de droit ne pourra être préservé sans un progrès de la représentation politique, comme l’indiquent l’élargissement des revendications et les appels à « libérer Hongkong » de l’emprise de Pékin.

Manque de sens politique

Les gouvernements de Hongkong et de Pékin font preuve d’un manque criant de sens politique dans la gestion du mouvement. Or les Hongkongais, dont la culture démocratique n’a cessé de se renforcer depuis 2014, ne se gouvernent pas comme les Chinois du continent. En voulant discréditer les manifestants, la police, pourtant initialement un des piliers de l’autonomie de Hongkong, n’a fait que se discréditer elle-même, et elle est aujourd’hui désignée comme « l’ennemi du peuple ».

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Le fait qu’elle a usé à plusieurs reprises de la force de façon excessive, tout en n’intervenant pas lorsque le Parlement a été occupé et vandalisé par une partie des manifestants le 1er juillet ni lorsque les triades ont attaqué la population dans le métro le 21 juillet, est la preuve aux yeux des Hongkongais que la police, comme leur gouvernement, est désormais vendue à Pékin.

La tactique de division a doublement échoué, dans la mesure où les Hongkongais sont restés solidaires des manifestants, et leur sont reconnaissants d’avoir empêché le projet de loi de passer. Aucune concession n’a été faite aux demandes des manifestants, bien au contraire. Le projet de loi, suspendu, n’a pas été formellement retiré. Une commission d’enquête indépendante sur les violences policières ne verra jamais le jour, car elle serait susceptible de révéler que la police hongkongaise a reçu des ordres politiques pour appliquer la loi de manière sélective.

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