Les frégates de Taïwan, sourd contentieux entre la Chine et la France

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Une frégate de la marine taïwanaise, en 2009.
Une frégate de la marine taïwanaise, en 2009. WIKIMEDIA

Ce devait être une remontrance à sens unique, une façon pour la diplomatie française de marquer une ligne rouge. L’entretien entre le secrétaire général du Quai d’Orsay, François Delattre, et l’ambassadeur de Chine à Paris, Lu Shaye, organisé le 14 avril par téléphone en raison du confinement, avait été suivi par un communiqué du ministre des affaires étrangères. « J’ai fait connaître clairement ma désapprobation de certains propos récents à l’ambassadeur de la République populaire de Chine en France, lors de sa convocation », avait expliqué Jean-Yves Le Drian. En cause : la publication d’une série de tribunes anonymes jugées injurieuses, liées à la crise sanitaire, sur le site de la représentation chinoise à Paris. Mais la conversation n’a pas été du tout à sens unique.

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Selon les informations du Monde, l’ambassadeur Lu Shaye, qui fut maire adjoint de Wuhan en 2014-2015, a reconnu un simple quiproquo. Il s’en est pris une nouvelle fois à la presse indépendante et a même profité de l’occasion pour repartir à l’offensive sur un sujet très sensible : Taïwan. Encore en cause, les frégates vendues à la marine taïwanaise par Thomson-CSF (aujourd’hui Thales) en 1991, longtemps au cœur d’un feuilleton judiciaire en France. Contactée, l’ambassade de Chine n’a pas répondu à nos questions, se contentant d’un long texte sur la souveraineté chinoise inaliénable sur Taïwan et les « activités séparatistes » de ses autorités. De même, le Quai d’Orsay n’a pas souhaité s’exprimer sur ce dossier sensible, alors que l’acheminement de masques en provenance de Chine demeure une priorité du gouvernement.

Comme elle l’a confirmé début avril, la marine taïwanaise a décidé de moderniser le système dit DAGAIE MK 2 à bord de ses six frégates Lafayette, afin de les équiper de nouveaux missiles leurres, pour tromper les navires adverses. Ce marché a été attribué à la société française DCI-DESCO, branche de la DCI (Défense conseil international), pour un montant d’environ 25 millions d’euros. DCI est l’opérateur du ministère des armées à l’étranger. Dans la doctrine militaire adoptée par Taïwan, la défense maritime occupe une place déterminante, en cas d’attaque chinoise. L’acquisition de technologies de pointe est un souci constant, dès lors qu’en quantité, l’île ne fait pas le poids face aux capacités adverses.

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« Les frégates de construction française ayant été livrées à Taïwan il y a plus de vingt-cinq ans, des mises à niveau sont certainement justifiées, explique Drew Thompson, chercheur à la Lee Kuan Yew School of Public Policy, à l’Université nationale de Singapour. Ces mises à niveau dans la guerre électronique sont cruciales pour les grandes plates-formes navales taïwanaises parce qu’elles renforcent leurs capacités de survie. Les grands navires sont des cibles importantes. » Spécialiste de la Chine, Drew Thompson estime que le recours à une société française est « pragmatique », dès lors que l’industrie militaire taïwanaise ne dispose pas du savoir-faire pour fabriquer ces technologies de pointe. Il s’agit aussi de diversifier les formes de collaboration, pour éviter de compter exclusivement sur les Etats-Unis et leurs équipements anciens.

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