Les femmes biélorusses à la pointe du soulèvement contre Loukachenko

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Des opposantes biélorusses à Minsk, le 19 septembre.

Assise devant un cappuccino dans un café branché de Minsk, Victoria, jeune Biélorusse aux grands yeux bleus, parle avec entrain de l’euphorie qui la submerge lorsque les motards révolutionnaires, drapeaux au vent, escortent les manifestantes en klaxonnant allègrement. Et aussi de son angoisse lorsqu’elle reconnaît les vans banalisés des forces anti-émeutes, les OMON. « La chose la plus effrayante avec les OMON, c’est quand ils courent vers nous », confie-t-elle. Comme des centaines d’autres, la jeune artiste et photographe de 20 ans participe, tous les samedis, aux marches de femmes habillées de robes blanches et portant des fleurs. Mais, elle, précise-t-elle, avec « ses vêtements de tous les jours » et « deux couettes » pour se donner l’air « d’avoir 13 ans ».

« Maintenant, les femmes montrent qu’elles peuvent faire des choses. C’est tellement agréable de voir ces mères, ces filles et ces sœurs qui n’ont plus peur », salue Victoria. Le soulèvement inédit qui secoue le petit pays depuis la réélection truquée, le 9 août, d’Alexandre Loukachenko est marqué par la forte implication des femmes. Des personnalités du conseil de coordination de l’opposition à celles qui manifestent chaque samedi, des estrades politiques aux rassemblements de rue, les femmes biélorusses portent ce mouvement révolutionnaire, dont l’onde de choc bouscule jusqu’à l’organisation de la société.

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Les marches de femmes ont commencé dès le 12 août, après les trois premières nuits de manifestations marquées par des violences et des tortures dans les geôles du régime. « On aurait pu se noyer dans le sang, dit Julia, qui défile chaque samedi avec sa sœur. Pendant ces nuits, le niveau de cruauté est monté tellement haut. On voyait les images sur Internet, les gens à côté de prisons disaient qu’ils entendaient des cris, la nuit. C’est pour ça que les groupes de femmes ont décidé de sortir comme ça, sans armes. » Pour cette trentenaire, employée dans une agence de voyages à Minsk, le mouvement de contestation doit même son salut aux manifestations féminines.

L’héritage de l’Union soviétique

La prépondérance des femmes et leur rôle dans le mouvement se comprennent, selon Anna Colin Lebedev, chercheuse en science politique, à l’aune de l’organisation sociale du pays, héritage de l’Union soviétique, qui « essentialise les sexes ». « Les femmes, en tant que mères, explique la spécialiste des sociétés post-soviétiques, sont vues comme protectrices et ont naturellement une vocation dont la fonction est le soin et le bien-être. » La politique, un milieu considéré comme sale et corrompu, est, de fait, plutôt réservée aux hommes, tandis que les femmes sont placées à des postes sérieux, mais en coulisses.

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