Les Européens surpris par la teneur des discussions entre Trump et Zelensky

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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, entouré du président du Conseil européen Donald Tusk et du président de la Commission Jean-Claude Juncker, le 8 juillet à Kiev.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, entouré du président du Conseil européen Donald Tusk et du président de la Commission Jean-Claude Juncker, le 8 juillet à Kiev. SERGEI SUPINSKY / AFP

Les échanges explosifs entre Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky suscitent en Europe des commentaires à la fois discrets et consternés. Jeudi 26 septembre, au lendemain de la publication du détail de leurs conversations, la diplomatie européenne s’en tenait à la ligne prudente adoptée depuis des mois à l’égard de Donald Trump : « Pas de réactions à des coups de téléphone et à des retranscriptions », commentait un porte-parole de la Commission et du Service européen d’action extérieure. Mais il rappelle, pourtant, en réponse indirecte aux propos du M. Zelensky, que son pays bénéficie de l’effort financier « le plus important de l’histoire » de l’Union européenne, assorti d’un soutien à son appareil de défense pour assurer l’intégrité de son territoire. Soit 15 milliards d’euros, montant assorti de conditions, dont la poursuite, « suivie de très près », des réformes et la lutte contre la corruption.

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Autant dire que les propos de M. Zelensky et les critiques à l’égard de la France et de l’Allemagne, parties actives aux accords de Minsk, signés en vain en 2015 pour mettre fin à la guerre dans l’est de l’Ukraine, ont heurté. Le chef de l’Etat ukrainien se plaint, entre autres, que les deux pays « n’appliquent pas les sanctions » décidées à l’égard de Moscou. Il n’y aura toutefois « ni observations, ni demandes d’éclaircissements, assure la Commission par la voix de Carlos Martin Ruiz de Gordejuela. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, et indiquent notre soutien à long terme à l’Ukraine ».

« La faiblesse de Zelensky »

« On connaissait Trump, qui utilise toutes les occasions pour tenter d’enfoncer un coin dans l’Union, on redoutait la faiblesse de Zelensky ; elle se manifeste juste un peu plus tôt que prévu », ironise un diplomate sous le couvert de l’anonymat. C’est donc par des canaux discrets que l’Union va exprimer son mécontentement.

L’accord d’association conclu entre l’UE et Kiev est entré en vigueur en septembre 2017. Il évoque un approfondissement des liens économiques et politiques et le respect de valeurs communes. Un accord de libre-échange vise à moderniser et amplifier les relations commerciales entre les deux ensembles.

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En juillet, lors de l’un de leurs derniers voyages officiels en tant que présidents du Conseil et de la Commission, Donald Tusk et Jean-Claude Juncker, même un brin dubitatifs, même méfiants quant au profil de leur hôte, avaient célébré à Kiev, lors d’un sommet, « l’esprit pro-européen en Ukraine, et l’esprit pro-ukrainien en Europe ». M. Tusk, de retour sur la ligne de front dans l’est du pays, réaffirmait le soutien « indéfectible » des Vingt-Huit face à « l’agression russe ».

Sentiment de « trahison »

Les sanctions européennes à l’égard de la Russie étaient, par ailleurs, prolongées de six mois et la perspective d’une intégration à l’Union était toujours « appuyée », tandis que cinq accords financiers étaient paraphés, visant à soutenir notamment la reconstruction de l’est du pays, la société civile et la lutte contre la corruption. Des progrès réels dans ce dernier domaine étaient exigés pour le déblocage d’un montant supplémentaire d’un demi-milliard d’euros.

La mise en place, par le nouveau pouvoir, de nouveaux organes d’enquête anticorruption, attendus depuis des années, est jugée « positive » par les diplomates de l’Union, qui rappellent cependant que depuis le soulèvement populaire de Maïdan, aucun haut responsable n’a jamais été condamné. « Il faudra juger Zelensky sur ses actes », indique un haut responsable.

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Les promesses diverses de Bruxelles n’ont, toutefois, pas satisfait entièrement un pouvoir ukrainien se disant « trahi » par la décision approuvée par les Européens d’une réintégration de la Russie au sein de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, l’institution strasbourgeoise qui veille au respect des droits de l’homme, de la démocratie et de l’Etat de droit. La délégation russe, exclue depuis l’annexion de la Crimée en 2014, a acquis, en juin, le droit d’y siéger à nouveau.

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Au-delà, Kiev a manifesté auprès de la diplomatie européenne ses réserves quant à ce qu’elle estime être un rapprochement, dangereux pour elle, entre l’Union européenne et Moscou. C’est singulièrement l’attitude du président Macron qui inquiète, d’autant qu’après avoir reçu Vladmir Poutine au fort de Brégançon (Var) cet été, le président espère la prochaine tenue d’une réunion en « format Normandie » (avec L’Ukraine, la Russie, la France et l’Allemagne) pour des « résultats concrets » dans la solution du conflit ukrainien. « Macron a évoqué de vraies avancées possibles, notamment sur les prisonniers et la ligne de front. Zekensky, qui dit par ailleurs vouloir apaiser ses relations avec Poutine, craint cependant une capitulation des Européens », commente une source bruxelloise.

Transit du gaz russe

« La position du président Volodymyr Zelensky à l’égard de la Russie concernant la guerre ne signifie pas qu’il acceptera de faire des concessions. Les premiers signes montrent que les gouvernements occidentaux sont trop naïfs quant aux propositions de “paix” » de Vladimir Poutine », jugent Joanna Hosa et Andrew Wilson, auteurs d’une récente étude du Conseil européen des relations internationales, un think tank. Ils invitent les Européens à transformer l’Ukraine en « partenaire-clé » de la sécurité européenne.

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Un autre sujet de tension persiste entre Kiev et Bruxelles, à savoir la question du transit du gaz russe. Un sujet sur lequel aucun accord n’a encore été trouvé, au bout d’interminables discussions entre l’Ukraine et la Russie, sous l’égide de la Commission de Bruxelles. L’actuel accord de transit actuel arrive à son terme à la fin de 2019, moment où deux gazoducs, le germano-russe Nord Stream 2 et le turco-russe Turkish Stream, sont censés entrer en service, en contournant le territoire ukrainien. Kiev redoute la perte d’importants bénéfices liés à ce transit et la perte d’une arme stratégique face à Moscou. La question de l’approvisionnement du pays est aussi en jeu. Comme celui d’une partie de l’Union, qui se dit toutefois capable de mobiliser des réserves suffisantes.

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