Les Européens face à la muraille de Chine

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Editorial du « Monde ». Décidément, le coronavirus a bon dos. Il sert de prétexte au pouvoir chinois pour interdire la veillée qui, chaque année à Hongkong, honore les victimes du massacre de la place Tiananmen, le 4 juin 1989. Il fournit une excuse commode à Angela Merkel pour déjouer le plan de Donald Trump, qui aurait aimé convoquer ses partenaires du G7 fin juin à Washington pour montrer à ses électeurs que la normalisation est totale et à la Chine que l’Occident est uni sur la ligne américaine. Et c’est encore la pandémie qui a été invoquée, mercredi 3 juin, par la chancelière allemande et le président Xi Jinping comme explication au report sine die du sommet UE-Chine prévu à Leipzig le 14 septembre.

Ce sommet, réunissant les leaders des Vingt-Sept et le président chinois, devait être la pièce maîtresse de la présidence allemande de l’Union européenne, que Berlin assure pour six mois à partir du 1er juillet. Il était l’occasion de montrer à Pékin que les Européens étaient bien 27 et non 17, par référence au format « 17 + 1 » favorisé par la Chine : il s’agit de 17 pays d’Europe centrale et des Balkans, dont 11 sont membres de l’UE, que Pékin soigne particulièrement dans le cadre de sa stratégie des « nouvelles routes de la soie », ce qui lui permet accessoirement de jouer sur les divisions de l’Europe. Bref, l’Allemagne espérait beaucoup de cet exercice diplomatique de haut vol.

Partenaire et rival

Les attentes étaient d’autant plus fortes que la relation avec la Chine s’est encore compliquée pendant la pandémie. Pour le bloc européen, la Chine est un indispensable partenaire sur les grands dossiers internationaux, notamment sur les questions de climat et sur la dette des pays africains, mais aussi un concurrent économique et un « rival systémique ». L’UE doit composer avec une puissance de plus en plus affirmée, qui se pose désormais en modèle alternatif et refuse la transparence.

La tension croissante entre Pékin et Washington, avec la perspective d’une nouvelle guerre froide, accentue les difficultés : les Européens ne souhaitent pas adopter l’attitude de confrontation ouverte qui est celle de leur allié américain à l’égard de la Chine, mais ils ne peuvent pas non plus fermer les yeux sur les abus du régime chinois, comme la répression des musulmans ouïgours et les violations du principe « un pays deux systèmes » à propos de Hongkong.

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Le sommet sino-européen intervenait donc dans un contexte potentiellement très tendu, avec une épreuve de force possible sur le statut de Hongkong et, aux Etats-Unis, un président Trump jouant sa réélection six semaines plus tard. Berlin maintient que la situation sanitaire est bien la raison du report du sommet, mais il est clair que les chances d’y parvenir à un résultat tangible apparaissaient de plus en plus ténues, comme celles de résoudre l’équation, ainsi posée par un haut responsable allemand : « établir une bonne coopération avec Pékin tout en ayant un dialogue sur les valeurs ».

Cette équation correspond peu ou prou au double impératif formulé par Paris à l’égard de la Chine : « engagement et exigence ». Si les Européens veulent éviter d’avoir à choisir entre Pékin et Washington dans l’affrontement qui se dessine, ils doivent commencer par arrêter une stratégie claire à l’égard de la Chine, qui tienne compte de leur propre puissance, de leurs intérêts et de leurs valeurs. Un tel objectif pour la présidence allemande de l’UE remplacerait avantageusement un grand sommet, certes médiatique, mais peu productif.

Le Monde

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