Les Etats-Unis et l’Europe à l’heure du « découplage »

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Le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, le 10 juin à Washington.

Le mot « découplage » a prospéré dans le langage diplomatique, en cette année 2020. On l’utilise pour évoquer la confrontation assumée par les Etats-Unis avec la Chine, rival économique et idéologique, agressif et décomplexé. Mais un autre découplage, insidieux, se profile : celui entre les Etats-Unis et l’Europe. Bien entendu, aucun dirigeant du Vieux Continent ne le souhaite. Washington demeure l’allié essentiel, au sein de l’OTAN. Certains se réconfortent en évoquant une normalisation possible, en cas de victoire de l’ancien vice-président Joe Biden à l’élection présidentielle de novembre. Mais, pour l’heure, il ne se passe plus une semaine sans qu’un nouveau contentieux apparaisse. La brutalité est à sens unique. Voilà les Européens scarifiés, forcés de réviser ce qu’ils croyaient acquis, de penser en matière de souveraineté et d’autonomie.

C’est dans cette atmosphère délétère que les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne doivent se réunir par visioconférence, lundi 15 juin, avec le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo. Cette séance doit servir à acter, sans espoir de résolution, les sujets controversés. Ils sont tellement nombreux qu’ils ont commencé à refroidir les pays d’Europe orientale, pourtant les plus proaméricains pour des raisons historiques évidentes. « Les Etats-Unis sont sortis, de façon unilatérale, de la relation transatlantique, dit une source diplomatique française. Les seuls Européens à être courtisés sont les Britanniques. Pour le reste, ils cherchent des signes d’alignement contre la Chine. »

Une formule dans l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron, dimanche, était particulièrement révélatrice. Le président français a parlé de la « consolidation d’une Europe indépendante (…) face à la Chine, aux Etats-Unis et dans le désordre mondial que nous connaissons ». Comme si les deux puissances citées représentaient chacune une forme de menace contre les intérêts de l’UE, celle-ci devant trouver une voie médiane.

Approche unilatérale

« C’est contre-productif, au moment où l’on souhaite davantage de solidarité européenne face aux grandes puissances, car cela risque de créer un nouveau malentendu entre les Etats membres, estime Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). Mais ces propos semblent cohérents avec ce que le président dit et pense profondément, que les Etats-Unis et la Chine sont les deux puissances menaçant la souveraineté européenne. Implicitement, il placerait ainsi la Russie dans une autre catégorie. C’est juste sur le plan de la puissance, mais la capacité de nuisance de la Russie est loin d’être négligeable. »

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