Les eaux troubles de Brindisi

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Guardia di Finanzia Brindisi

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Ce port du sud de l’Italie est devenu, ces dernières années, le principal point d’arrivée en Europe occidentale des contrefaçons chinoises. La mafia locale, mise à mal par le coup d’arrêt porté au trafic de cigarettes, cherche en parallèle à tirer profit de l’essor de la région.

La voici donc, la « porte de l’Orient » : une piste de goudron qui empeste le gazole, saturée du mugissement des semi-remorques. Brindisi, terminal Costa Morena Ovest. C’est ici, à dix minutes du centre historique de la cité portuaire des Pouilles, que se renoue le fil de l’histoire légendaire de ce trait d’union entre l’Europe occidentale et l’Asie. Le port de Brindisi fut le terminus maritime de la via Appia romaine, l’embarquement des chevaliers des croisades, mais aussi le point de départ choisi par Jules Verne pour lancer Phileas Fogg dans son Tour du monde en quatre-vingts jours, à bord du paquebot Mongolia.

Il faut oublier les livres d’histoire et les romans d’aventures. Ouvrir les yeux sur les deux cents mètres de chaussée de ce terminal commercial austère, scruté par des caméras de surveillance, où stationnent en mille-pattes 120 semi-remorques, recrachés un à un de la panse du ferry de 8 heures du matin en provenance de Patras (Grèce). Son surnom au parfum d’exotisme, c’est désormais à cette zone inhospitalière que Brindisi le doit. Sauf que l’actuelle « porte de l’Orient » recèle, pour tout trésor, des montagnes de cartons cubiques labellisés « made in China »…

En ce matin de juin à la chaleur déjà poisseuse, une dizaine d’agents de la guardia di finanza (la police douanière et financière italienne) s’affairent autour des poids lourds en transit. Leur mission : débusquer les marchandises de contrebande, devant les mines ensuquées des chauffeurs routiers à peine réveillés de leur nuit sur les flots. Un officier en civil – jean délavé et tee-shirt moulant vert pomme –, couteau à la main, grimpe sur le marchepied d’un camion frigorifique bulgare. Technique de « l’immersion », ou de « la taupe », annonce son supérieur, lorsque le contorsionniste disparaît au fond du chargement pour ouvrir quelques-uns des cartons les plus inaccessibles. Rien à signaler. L’inspection se poursuit. Ici des olives vertes macérant dans des bocaux de saumure. Là une large collection de soutiens-gorge. Puis des vestes noires à paillettes, des salopettes en jean, des planches de bois…

« Un moment historique »

Les prises quotidiennes, faux et copies en tous genres, remplissent le hangar attenant de 500 m2, où sont entreposées, sur 4 mètres de hauteur, les pièces à conviction des derniers mois. Depuis janvier 2018, pas moins de 2,1 millions d’articles contrefaits – plus que sur tout autre port italien – ont été découverts sur ce petit terminal portuaire accueillant de deux à cinq ferrys par jour, en provenance de Grèce et d’Albanie.

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