« Les démocraties européennes ont mieux géré cette pandémie que les autres régimes »

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Augusto Santos Silva, ministre portugais des affaires étrangères, lors d’une conférence de presse après une réunion avec des homologues européens, à Berlin, le 22 mai 2019.

Chef de la diplomatie portugaise depuis 2015, Augusto Santos Silva a été reconduit à son poste après la victoire du Parti socialiste aux législatives de l’automne 2019. Il défend l’exemplarité du « modèle portugais » promu par son gouvernement, qui a réussi à concilier vertu budgétaire, relance économique et progrès social ces cinq dernières années. Mais les résultats, fragiles, risquent d’être emportés par la crise consécutive à la pandémie de Covid-19. Pour éviter un accroissement de sa dette, déjà très lourde, Lisbonne souhaite que le plan de relance européen, en discussion à Bruxelles, fasse la part belle aux subventions par rapport aux prêts.

Le Portugal est l’un des pays d’Europe qui a le mieux géré la crise du coronavirus du point de vue sanitaire. Pourquoi ?

Il faut se garder de tout triomphalisme face à cette pandémie. Le résultat le plus important, c’est que notre système de santé n’a jamais été débordé : même au pic, le taux d’occupation en soins intensifs est toujours resté inférieur à deux tiers de notre capacité totale. Cette réussite tient à trois raisons fondamentales. D’abord, l’Italie et l’Espagne ont été touchées avant nous, ce qui nous a permis d’apprendre de leur expérience. Ensuite, c’est dû à la qualité de notre système de santé, qui est inspiré du modèle britannique, mais avant qu’ils ne privatisent certains secteurs. Enfin, et c’est à mon avis le plus important, l’unité nationale a prévalu entre le président, le gouvernement, le parlement et la société civile. Contrairement à l’Espagne, le combat contre la pandémie n’a pas fait l’objet d’une lutte politique chez nous.

Cette réussite ne change rien au fait que le Portugal va subir une crise économique importante. N’avez-vous pas peur de voir tous les résultats de ces cinq dernières années réduits à néant ?

Nous avons bouclé l’année 2019 avec des comptes publics positifs, pour la première fois dans l’histoire de notre démocratie. Nous avons prouvé aux Européens, qu’il n’y avait pas de fatalité du Sud, synonyme d’indiscipline budgétaire et de déficit, tous ces préjugés en vogue dans le nord de l’Europe. Cela nous permet d’aborder la crise d’aujourd’hui dans une position beaucoup plus confortable qu’en 2010, au moment de la crise de la dette souveraine. Cela dit, les conséquences économiques et sociales seront terribles. On voit la pauvreté et le chômage croître à nouveau. Nous avons mis en place un système de chômage partiel et des aides pour les familles pauvres. Mais il est évident que nous allons avoir un problème de finances publiques. Nous avons présenté au Parlement un correctif budgétaire, qui prévoit un déficit pour l’année en cours de 6 % et une dette accrue de 20 points (elle passera de 118 du produit intérieur brut à près de 140 %). Notre dette est déjà très élevée, c’est pour cela que de nouveaux emprunts ne suffiront pas.

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