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LETTRE DE SUÈDE
C’est un rebondissement tellement spectaculaire que l’on a d’abord cru à un poisson d’avril. Alors que l’ensemble des journaux suédois prédisaient la disparition imminente du site d’information Bulletin (prononcer « bulle-tine »), après trois mois et demi seulement d’existence, Andrew Rosenthal, ancien responsable de la page éditoriale du New York Times, était annoncé comme son nouveau rédacteur en chef.
Une plaisanterie ? Pas vraiment. Dans un entretien au magazine américain Vanity Fair, le 7 avril, l’intéressé confirme : oui, il a accepté le poste, même si son expérience de la Suède se limite à ce qu’il en a vu lors de voyages à Stockholm, quand il était directeur du bureau de l’agence Associated Press (AP) à Moscou, dans les années 1980. Quant à ses connaissances de la presse du royaume scandinave, elles ne dépassent pas « ce qu’il a appris en regardant The Girl with the Dragon Tatoo (l’adaptation cinématographique du premier tome de la trilogie Millénium) », précise l’article.
Railleries
En temps normal, l’arrivée de M. Rosenthal, 65 ans, – qui travaillera à distance, depuis sa résidence de Montclair, dans le New Jersey – aurait été accueillie avec enthousiasme, dans un pays vouant une admiration presque sans borne à tout ce qui vient des Etats-Unis. Au contraire, ce recrutement n’a suscité qu’incompréhension et railleries, d’autant que Lydia Polgreen, ex-directrice éditoriale au New York Times, puis rédactrice en chef du Huffington Post, a révélé sur Twitter que « tous les anciens éditeurs du NYT ont été contactés pour ce poste sur LinkedIn ».
Selon le quotidien suédois Expressen, ils auraient été approchés par la société de recrutement américaine ECA Partners, qui est dirigée par un des membres de la direction de Bulletin, l’entrepreneur suédois Atta Tarki. Ne craignant pas le ridicule, l’offre d’emploi présentait le site comme « un des lancements de journaux les plus réussis de l’histoire moderne de la Suède ».
Pour comprendre la supercherie, il faut revenir en arrière. En novembre 2020, plus précisément. Le petit monde de la presse suédoise bruisse alors de rumeurs : un nouveau média serait sur le point d’être créé. Plusieurs éditorialistes, tous de droite tendance conservatrice, quittent leur poste, dans les grands journaux du royaume et confirment dans la foulée rejoindre la rédaction du site Bulletin, lancé le 22 décembre.
A sa tête : la journaliste Paulina Neuding, 39 ans et à son actif, plusieurs postes de rédactrice en chef dans divers médias de droite. Le 5 décembre, elle a publié une dernière chronique, dans le journal Svenska Dagbladet, intitulée : « Le pays qui n’existe plus. » Elle y parle de ses parents, juifs polonais, arrivés en tant que réfugiés en 1968, dans une Suède « idyllique », aujourd’hui rongée par « l’insécurité et la violence ».
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