« Les corps en feu de femmes iraniennes crient leur refus de l’ordre infernal qui leur est imposé »

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Après le suicide par le feu d’une jeune Iranienne condamnée pour avoir assisté à un match de football, l’écrivaine et sociologue lie cette immolation au combat plus général pour la liberté et contre l’oppression islamiste dans ce pays.

Publié aujourd’hui à 06h30 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. Début septembre, une jeune femme s’est immolée devant le Tribunal de la révolution islamique de Téhéran. Elle venait d’apprendre sa condamnation à une peine de prison pour avoir osé entrer, en 2018, dans un stade et assister à un match de football. Elle s’appelait Sahar, « l’aube » en persan. Dans la poésie et la chanson iraniennes, ce mot évoque la fin des ténèbres, l’espoir de la délivrance. L’acte suicidaire de Sahar Khodayari, qui entraîna sa mort peu après, ne dit-il pas, au contraire, un profond désespoir ?

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En réponse aux indignations massives provoquées par sa mort tragique et aux appels à lever l’interdiction faite aux femmes d’entrer dans les stades, les médias liés au pouvoir diffusèrent les propos du père de Sahar disant que sa fille souffrait de perturbations mentales. Des propos semblables avaient été avancés en février 1994 lorsque Homa Darabi, une pédiatre de 53 ans, s’immola à Téhéran. Un moyen pour le pouvoir islamiste de réduire au silence la lutte de cette femme progressiste contre des mesures misogynes qui avaient abouti à son licenciement du poste qu’elle occupait à l’université.

Sa plainte restée sans suite et le harcèlement continu qu’elle subissait la poussèrent à abandonner toute activité professionnelle. Un jour, elle sortit de chez elle et, en pleine rue, mit le feu à son corps. Certains disent qu’elle cria : « A bas le despotisme ! Vive la liberté ! » D’autres réfutent ces propos. Mais qu’importe. Cette scène n’expose-t-elle pas clairement ce qu’Homa Darabi voulait nous dire ? Médecin, elle connaissait des moyens moins douloureux de mettre fin à ses jours. Pourtant, c’est au feu qu’elle a livré son corps, et elle l’a fait dans un lieu public, aux yeux de tous.

L’immolation, premier moyen de suicide parmi les Iraniennes

« Brûler de douleur et faire avec » est une ancienne expression persane bien connue en Iran pour qualifier un extrême degré de patience dans la traversée des malheurs. Les corps en feu de Sahar et Homa crient, au contraire, leur refus de faire avec l’ordre infernal qui leur est imposé. D’ailleurs, l’image de leur immolation n’est-elle pas une incarnation de l’enfer qu’elles vivaient ?

Cette question s’impose d’autant plus qu’au début des années 2000, des rapports basés sur les constats des médecins légistes attestent que l’immolation est le premier moyen de suicide parmi les femmes iraniennes. D’autres études nous apprennent que la pauvreté, l’absence d’autonomie et le poids des dures traditions patriarcales – autant de facteurs renforcés par le règne islamiste – favorisent, dans certaines régions et parmi certaines couches sociales, le recours des femmes à cette forme de suicide par lequel elles mettent en scène, sous les yeux de leurs proches, l’enfer dans lequel elles vivent et dont ces proches sont très souvent les cerbères.

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