« Les compagnies étrangères pourront-elles se développer longtemps en Chine ? »

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Xi Jinping, lors d’une rencontre avec des patrons australiens, à Canberra, en 2014.

C’était en 2011, autant dire il y a une éternité au rythme où va la Chine. Le PDG de Schneider Electric, Jean-Pascal Tricoire, créait la surprise en annonçant l’installation à Hongkong d’une partie de son comité exécutif et de sa famille. Le plus « chinois » des patrons français se rapprochait d’un marché en forte croissance et comblait ses goûts de fin connaisseur de l’empire du Milieu. Il n’était pas allé jusqu’à poser ses valises à Pékin ou Shanghaï pour échapper, glissait-on, aux « grandes oreilles » des autorités. Les plus optimistes croyaient alors que le pays se plierait aux règles du libre-échange de l’Organisation mondiale du commerce, où elle avait été admise dix ans plus tôt ; et que l’économie (même socialiste) de marché entraînerait une démocratisation du régime.

Dix ans ont passé, et les « grandes oreilles » risquent de rattraper M. Tricoire, qui n’a pas fait beaucoup d’émules. Depuis son accession au pouvoir suprême, en 2012, Xi Jinping a balayé tout espoir d’assouplissement politique et d’une plus large ouverture économique. En juillet, le président chinois a fait passer sous le joug de la loi de sécurité nationale l’ancienne colonie britannique, théoriquement protégée par la règle d’« un pays, deux systèmes » jusqu’en 2047. Après les vingt premières années de l’ère Deng Xiaoping, les entreprises étrangères ont vu les exigences de la Chine se durcir à mesure qu’elle rattrapait son retard technologique, aujourd’hui en grande partie comblé. Le secteur étatique conserve un poids écrasant, notamment dans les industries stratégiques (défense, énergie, naval, aéronautique, spatial…).

Archives (2012) L’obsession chinoise de Schneider Electric inquiète certains analystes

Depuis plusieurs mois, les mauvais signaux s’accumulent pour les entreprises dans la deuxième puissance économique mondiale. Le contexte global a de quoi inquiéter. Aux dissimulations de l’épidémie de Covid-19 en novembre-janvier, qui nourrissent une défiance croissante, et à la mise au pas de Hongkong s’ajoutent les menaces sur Taïwan, les prétentions territoriales en mer de Chine méridionale et l’épuration ethnique de la minorité ouïgour au Xinjiang. Le net durcissement du discours diplomatique et le discrédit systématique de la gouvernance démocratique au nom de « la nature supérieure du socialisme chinois » détériore le climat pour les affaires.

Pillage

Plus directement, des sociétés étrangères sont confrontées à un pillage de données qui va bien au-delà du détournement de brevets, voire à des cyberattaques dans des domaines critiques (aéronautique, santé, énergie, télécoms…), alors que les liens de nombreuses entreprises chinoises avec les organes de sécurité et l’Armée populaire de libération sont avérés. Quant au Parti communiste, il renforce son ancrage jusque dans les coentreprises étrangères, priées de créer des cellules où séances de marxisme, analyse de la pensée de Xi, critiques et autocritiques sont de rigueur. « La tendance générale est davantage à la préférence nationale qu’à l’ouverture accrue du marché aux entreprises étrangères (…), et au maintien d’un rôle fort du Parti dans l’économie », souligne la chercheuse et sinologue Alice Ekman dans Rouge vif, l’idéal communiste chinois (Editions de l’Observatoire, 224 pages, 19 euros).

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