les combattants de l’EI « en mesure de s’enfuir », craint Poutine

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Le président russe redoute que l’opération contre les Kurdes syriens ouvre la voie à une résurgence de l’organisation djihadiste.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 13h11, mis à jour à 13h53

Temps de Lecture 3 min.

Des combattants syriens proturcs à la frontière turco-syrienne.
Des combattants syriens proturcs à la frontière turco-syrienne. NAZEER AL-KHATIB / AFP

« C’est une menace réelle pour nous, pour vous, [car] où vont-ils aller et comment ? » C’est par ces mots que le président russe a exprimé sa crainte, vendredi 11 octobre, que l’opération de l’armée turque dans le nord-est de la Syrie contre les forces kurdes ne provoque une résurgence de l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) dans toute la région.

Des milliers de combattants de l’EI détenus par les Kurdes risquent de recouvrer la liberté, alerte Vladimir Poutine lors d’un sommet d’ex-pays soviétiques à Achgabat, la capitale du Turkménistan. « Je ne suis pas sûr que l’armée turque puisse contrôler la situation ou le faire rapidement », a-t-il ajouté. Selon M. Poutine, « les Kurdes abandonnent les camps où sont détenus les combattants de l’EI », et ces derniers « sont en mesure de s’enfuir ».

Des milliers de ressortissants du Caucase russe et des ex-républiques soviétiques d’Asie centrale ont rejoint les rangs des groupes djihadistes en Irak et en Syrie. La Russie avait fait de leur élimination l’un de ses objectifs en lançant son aviation au secours de Bachar Al-Assad en 2015.

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« Où vont-ils aller ? A travers le territoire turc ou d’autres territoires ? Plus profondément en Syrie sur des territoires sous le contrôle de personne et ensuite en Irak ou vers d’autres pays de la région ? », a souligné M. Poutine vendredi. Il a ainsi promis de « mobiliser les ressources des services spéciaux pour contrer l’émergence de cette nouvelle menace ».

« La coalition nous a vendus à Erdogan »

Lancée mercredi, l’offensive turque, impliquant des forces aériennes et terrestres, cible des secteurs de Syrie tenus par la principale milice kurde de Syrie, les Unités de protection du peuple (YPG). Considérée comme terroriste par Ankara, elle est soutenue par les Occidentaux, car elle constitue le fer de lance de la lutte contre les djihadistes de l’EI.

L’opération militaire a de fait suscité un tollé international, plusieurs pays s’inquiétant du sort des civils mais aussi des nombreux djihadistes détenus par les forces kurdes et qui pourraient s’enfuir. En réponse aux critiques européennes, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a menacé jeudi d’envoyer en Europe des millions de migrants accueillis par la Turquie après avoir fui la guerre en Syrie. « Nous n’accepterons jamais que les réfugiés soient utilisés comme arme et pour nous faire chanter », lui a rétorqué vendredi le président du Conseil européen, Donald Tusk.

Le feu vert donné de facto par les Etats-Unis à l’opération turque – en annonçant le retrait de soldats américains stationnés côté syrien de la frontière – a été perçu comme une trahison par les Kurdes. « Ils nous ont vendus à Erdogan, dénonce Agid, interrogé par l’envoyé spécial du Monde Allan Kaval à Talel Tamr, dans le nord-est de la Syrie. Je me suis battu contre l’EI à Rakka et voici comment ils nous remercient. »

Le président américain Donald Trump a cependant chargé jeudi la diplomatie américaine de tenter d’arranger un cessez-le-feu entre les belligérants.

Des civils kurdes et arabes prennent la route de l’exode à Tall Tamr, où se trouve notre envoyé spécial Allan Kaval.
Des civils kurdes et arabes prennent la route de l’exode à Tall Tamr, où se trouve notre envoyé spécial Allan Kaval. DELIL SOULEIMAN / AFP

Flots ininterrompus de civils en fuite

Sur le terrain, de violents combats opposent les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition de combattants arabes et kurdes, aux troupes turques et leurs supplétifs syriens dans le nord-est de la Syrie. Les villes de Ras Al-Aïn, Tall Abyad, de Tall Tamr et d’autres villes à la frontière ont été presque désertées par leurs habitants, provoquant une grande vague de déplacements, comme l’indique notre envoyé spécial.

Médecins sans frontières (MSF) a indiqué dans un communiqué avoir été contraint de fermer un hôpital que l’ONG soutenait à Tal Abyad, ajoutant que les bombardements ont obligé les patients à fuir, comme les membres du personnel soignant. Selon les Nations unies, 70 000 personnes ont fui les combats, se dirigeant plus à l’est, vers Hassaké, une ville épargnée à ce stade.

Des panaches de fumée s’élèvent de la ville syrienne de Tall Abyad.
Des panaches de fumée s’élèvent de la ville syrienne de Tall Abyad. BULENT KILIC / AFP

Situation « absolument choquante »

D’après les médias turcs, la Turquie souhaite prendre le contrôle d’une bande d’une trentaine de kilomètres entre Ras Al-Aïn et Tall Abyad, distantes de 120 km, afin d’éloigner de la frontière les YPG, épine dorsale des FDS. La Turquie espère via cette offensive créer une « zone de sécurité » où pourront être installés une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens vivant sur son sol.

A New York, à l’issue d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, les cinq pays européens y siégeant (France, Allemagne, Belgique, Royaume-Uni, Pologne) ont exigé l’arrêt de cette « action militaire unilatérale ». Dénonçant une situation « absolument choquante » pour les civils, la France a annoncé vendredi que les Européens examineraient « la semaine prochaine » la possibilité de sanctions contre la Turquie. Mêmes craintes pour le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg : « Les prisonniers de Daech [acronyme arabe de l’EI] ne doivent pas pouvoir s’évader », a-t-il déclaré lors d’une visite en Turquie.

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