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A la tête de la BCE, Christine Lagarde risque de devoir éventer la ruse française de l’euro, qui consistait à faire croire que l’Allemagne dictait les choix de politique monétaire, explique l’économiste Philippe Simonnot dans une tribune au « Monde ».
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Tribune. La nomination de Christine Lagarde à la tête de la Banque centrale européenne (BCE) a donné lieu à des commentaires quelque peu désobligeants sur ses capacités : elle n’aurait pas les connaissances en matière de théorie et de pratique monétaires qui distinguaient tant, dit-on, ses deux prédécesseurs, Jean-Claude Trichet et Mario Draghi. Mme Lagarde manquerait donc de l’autorité nécessaire pour assumer le destin de l’euro dans les temps difficiles qui s’annoncent à l’horizon de la monnaie européenne.
Ce procès en légitimité n’a pas grand sens. Pour le dire en quelques mots, MM. Trichet et Draghi, tout connaisseurs qu’ils prétendent être de la chose monétaire, n’ont fait que soumettre la BCE à la norme de l’inflation à 2 % (faire en sorte que les prix augmentent de 2 % par an même en cas de déflation).
Ce « 2 % standard », qui a succédé subrepticement au Gold Exchange Standard, s’est répandu en un quart de siècle sur la surface de la terre, y compris dans les pays les plus rétifs aux facilités de la création de monnaie ex nihilo. Il n’a, faut-il le dire, aucun fondement ni théorique ni pratique (Brendan Brown, The Case Against 2 Per Cent Inflation. From Negative Interest to a 21st Century Gold Standard, Palgrave Macmillan, 2018, non traduit). Et il conduit à de nouvelles catastrophes.
Diktats allemands
En réalité, c’est la nationalité de Mme Lagarde qui va créer un problème. En étant après Jean-Claude Trichet la deuxième personnalité française à diriger la BCE, elle risque, par sa nomination même, de faire apparaître au grand jour ce qui devait rester caché, à savoir que l’euro est une ruse française. Or, cette ruse ne peut fonctionner que si elle reste cachée. Et, jusqu’à maintenant, on y a réussi puisque la vulgate fait croire aux Français et aux Européens que l’euro serait soumis aux « diktats » de Berlin.
Pour comprendre cette finasserie, il suffit de se remémorer les dernières décennies du franc français et du Deutsche Mark. S’il y a eu des diktats allemands en matière monétaire, c’est bien à cette époque qu’ils auraient été émis. Il suffisait que la Bundesbank hausse ou baisse ses taux d’intérêt pour que la Banque de France dans la minute soit obligée de suivre.
Bien sûr, le terme de diktat est impropre. La France subissait seulement les effets de ses sempiternelles inconséquences financières. Il n’en était pas moins humiliant pour l’aristocratie financière de notre pays d’être aux ordres de la finance allemande. Une note confidentielle du Trésor français, datée du 13 février 1992 et reproduite dans mes Nouvelles Leçons d’économie contemporaine (Folio, 2018) est très explicite à ce sujet.
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