« Les chefs d’Etat ont le devoir de parler »

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Agnès Callamard, la rapporteuse du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, dénonce le « manque de courage » de la communauté internationale après l’assassinat du journaliste saoudien.

Propos recueillis par Publié aujourd’hui à 03h15

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A Berlin, le 1er octobre, des militants de Reporters sans frontières rendent hommage à Jamal Khashoggi un an après son meurtre.
A Berlin, le 1er octobre, des militants de Reporters sans frontières rendent hommage à Jamal Khashoggi un an après son meurtre. HANNIBAL HANSCHKE / REUTERS

Agnès Callamard est la rapporteuse du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires. Son rapport du mois de juin sur l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, liquidé le 2 octobre 2018, dans le consulat du royaume à Istanbul (Turquie), confortait les soupçons pesant sur le prince héritier Mohammed Ben Salman (« MBS ») et demandait l’ouverture d’une enquête internationale.

Trois mois après la publication de ce travail et un an après les faits, qui avaient suscité un tollé planétaire, Mme Callamard critique durement la réponse du pouvoir saoudien et de la communauté internationale.

Elle appelle à la création d’un mécanisme d’enquête international et permanent, permettant de lutter contre l’impunité dans les cas d’exécutions ciblées.

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Un an après l’assassinat de Jamal Khashoggi et trois mois après la publication de votre rapport, en sait-on davantage sur les circonstances et les responsables de sa mort ?

Depuis juin, il n’y a eu aucun progrès. Le procès, [en Arabie saoudite], des membres du commando d’Istanbul a semble-t-il continué. Il y a eu, selon mes informations, une nouvelle session, toujours à huis clos. Mais Saoud Al-Qahtani [un proche conseiller de Mohammed Ben Salman, impliqué dans l’opération] ne figurait pas sur le banc des accusés et il n’a toujours pas été inculpé. Malgré toutes les preuves qui ont été apportées, l’Arabie saoudite refuse de prendre conscience du fait qu’il s’agit d’un crime d’Etat, et non d’un crime individuel. Dans cette affaire, la vérité est l’autre victime.

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L’Arabie saoudite a-t-elle tiré les leçons de ce scandale, selon vous ?

Pas du tout. Aucune des personnes emprisonnées dans le royaume pour des crimes de conscience, comme les journalistes et les activistes, n’a été libérée. Ces douze derniers mois, nous n’avons observé aucun progrès en matière de respect des libertés fondamentales, aucun changement de cap.

En mai, un activiste qui est réfugié en Norvège [le militant des droits de l’homme d’origine palestinienne Iyad Al-Baghdadi, qui critique souvent les autorités de Riyad], a même été mis sous protection par la police de ce pays, après que celle-ci a été informée par la CIA américaine de l’existence de menaces contre lui. En matière de liberté d’expression, la situation est au point mort.

Comment évaluez-vous la réaction de la communauté internationale ?

C’est la débandade, si vous me passez cette expression. Lors de la présentation de mon rapport, en juin, la majorité des Etats avaient adopté une position ferme. Malheureusement, les actions n’ont pas suivi.

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