Les catholiques brésiliens face au défi Bolsonaro

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Depuis l’élection de Jair Bolsonaro, l’Église catholique est en crise au Brésil. Alors que les prêtres progressistes dénoncent la politique gouvernementale, les intégristes se rapprochent des plus hautes sphères du pouvoir.

Par Publié le 26 octobre 2019 à 01h00

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Le père Gegê devant l’église du prophète São Daniel, construite par l’architecte Oscar Niemeyer, dans une favela au nord de Rio de Janeiro.
Le père Gegê devant l’église du prophète São Daniel, construite par l’architecte Oscar Niemeyer, dans une favela au nord de Rio de Janeiro. SEBASTIAN LISTE / NOOR POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE »

Et soudain, au beau milieu de la messe, le père Gegê s’interrompt. « Maintenant, la conversation va commencer ! », déclare ce colosse noir de 52 ans, officiant à l’église du prophète São Daniel de Rio de Janeiro. « À votre avis, pourquoi des groupes religieux et non religieux sont-ils opposés au synode [consacré à l’Amazonie et organisé au Vatican du 6 au 27 octobre] ? » Rires, murmures, brouhaha.

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Une paroissienne, marcel bleu et queue-de-cheval, se lève et prend le micro : « La déforestation, ça existe depuis longtemps ! Tout ça, c’est de la faute du capitalisme, de tous ces gens qui ne pensent qu’à l’argent ! », souligne-t-elle. Une autre dame l’interrompt, pas tout à fait d’accord. Assis sur un banc de bois parmi ses ouailles, le curé écoute, surveille les échanges, avant de conclure, de sa belle voix grave : « Les marginalisés sont l’espoir de l’Église ! »

« Beaucoup de gens à Manguinhos ont voté Bolsonaro. Et pas mal ne viennent plus à ma messe à cause de mes orientations politiques. » Le père Gegê, curé de l’église São Daniel

À peu de chose près, on se croirait dans une assemblée générale gauchiste. Et pourtant, ce 13 octobre, c’est bien à un office dominical qu’on assiste. Ici, dans la favela de Manguinhos, la foi est un acte politique, dont témoigne l’histoire des lieux. Inaugurée en 1960, la São Daniel est un projet d’Oscar Niemeyer, l’architecte bâtisseur de Brasilia, qui n’a jamais renié ses convictions communistes. Tout un symbole et tout un syncrétisme : le bâtiment a la forme ronde d’une hostie et les murs rouges, couleur de la révolution.

À l’intérieur, sur un tableau, on a punaisé des citations « cathos de gauche », dont une célèbre de Dom Hélder Câmara, l’« évêque des bidonvilles », mondialement connu : « Quand je donnais à manger aux pauvres, on m’appelait un saint. Quand j’ai demandé pourquoi ils sont pauvres, on m’a traité de communiste. »

Mais en ce début d’été carioca, dans cette favela pauvre et violente du nord de Rio, les temps glorieux semblent bien loin. Le toit de la chapelle est rafistolé avec un peu de tôle. Victimes du temps et des termites, les murs s’effritent à vue d’œil. Et les beaux vitraux posés à l’inauguration ont disparu depuis des lustres.

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