Les Burundais en exil attendent les élections sans illusions

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Des partisans du candidat de l’opposition Agathon Rwasa, le 17 mai à Gitega, dans le centre du Burundi.
Des partisans du candidat de l’opposition Agathon Rwasa, le 17 mai à Gitega, dans le centre du Burundi. – / AFP

17 h 59. Il ne reste plus qu’une minute avant le journal. Patrick Mitabaro, feuilles volantes à la main, s’installe face au micro. Dans ce studio d’à peine trois mètres carrés, l’ingénieur du son et le présentateur sont coude à coude. Alors que résonnent les clairons du jingle de la radio Inzamba – « trompette » en kirundi, la langue nationale burundaise –, le journaliste inspire un grand coup et lance les titres : « Des représentants de l’OMS déclarés persona non grata à Bujumbura, l’opposition mise en cause par la police pour des tensions lors de la campagne électorale »

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A quelques jours des élections présidentielle et générales au Burundi, prévues le 20 mai, la quinzaine de journalistes de cette radio burundaise en exil sont sur le pont. Le scrutin est organisé en pleine pandémie mondiale due au coronavirus et, pour la première fois depuis la fin de la guerre civile au début des années 2000, le président Pierre Nkurunziza ne se présente pas. C’est son dauphin, Evariste Ndayishimiye, qui est le candidat du CNDD-FDD (Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie), le parti au pouvoir.

Son principal opposant, Agathon Rwasa, également issu d’une ancienne rébellion hutu, attire les foules lors de ses meetings. Le candidat du Conseil national pour la liberté (CNL) a appelé ses militants à rendre « coup pour coup » s’ils sont attaqués par les Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti du président sortant, qualifiée de « milice » par l’ONU. « Il y a actuellement une réelle intolérance politique au Burundi, qui laisse présager que, quel que soit le résultat, aucun des deux camps ne voudra céder. Le CNDD-FDD et le CNL ont déjà commencé à clamer la victoire. On risque donc d’observer le pire », soupire Patrick Mitabaro.

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« Le système ne change pas »

Autrefois rédacteur en chef d’Isanganiro, une radio privée burundaise, Patrick est aujourd’hui contraint de couvrir cette campagne électorale tendue depuis le pays voisin, le Rwanda. Le 14 mai 2015, ses studios à Bujumbura avaient été attaqués par les forces de sécurité, au cours de la répression qui a suivi la tentative de putsch manqué du général Godefroid Niyombare. Le même jour, trois autres radios privées avaient connu le même sort. Le pays, plongé dans une crise depuis le mois d’avril 2015 et l’annonce de la candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, assiste alors à la fuite d’un grand nombre de ses journalistes indépendants.

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