Les autorités chinoises s’attaquent aux mosquées « trop arabes »

0
168

[ad_1]

Une campagne de « sinisation » des religions vise les mosquées de style arabe. Dans le Gansu, les habitants d’un village se sont mobilisés.

Par Simon Leplâtre Publié aujourd’hui à 11h51

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

Des Hui, en 2015 à Pékin.
Des Hui, en 2015 à Pékin. Mark Schiefelbein / AP

On repère les cinq hommes de loin, avec leurs vestes sombres sur chemises claires, qui déparent dans ce village de paysans du Gansu, dans l’ouest de la Chine. Ils gardent la ruelle qui mène à une mosquée dont on aperçoit les tours, enveloppées d’échafaudages, ne laissant passer que les habitants de Zheqiao, un petit village en périphérie de la ville de Linxia. « Ce sont des hommes du gouvernement, glisse un habitant. Ils ne veulent pas que les gens viennent prendre des photos. » Mais sur les réseaux sociaux, les images de la mosquée en cours de démolition ont déjà circulé. Le 11 avril, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées pour défendre l’édifice, terminé un mois plus tôt. Une semaine plus tard, lors de notre passage, plus de trace de l’imposant bulbe doré qui trônait au-dessus de la mosquée, ni des croissants de lune en métal argenté qui couronnaient les deux tours.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Des musulmans chinois se mobilisent contre la démolition d’une mosquée

Les autorités locales trouvaient l’architecture « trop arabe », rapportent plusieurs habitants. Une décision qui s’inscrit dans une politique de « sinisation » des religions, engagée depuis 2015. Elle vise à imposer un contrôle idéologique étroit et se traduit notamment par l’effacement des caractéristiques étrangères dans les pratiques et sur les bâtiments religieux en Chine. Les Hui, une minorité musulmane qui compte environ 10,5 millions de membres, principalement dans l’Ouest chinois, sont les derniers à en subir les conséquences. Les travaux pour changer le style des bâtiments sont souvent engagés à la hâte, sans discussion avec les fidèles, suscitant des protestations, comme à Zheqiao. Sur les vidéos publiées en ligne, un homme dénonce les autorités, à côté du bulbe éventré. Les tours et le bulbe sont encore surmontés de croissants métalliques. Le plafond de la salle de prière est aussi endommagé, laissant des débris sur les tapis de prière.

« Si on en vient aux mains, on a perdu »

Dans la pièce principale de leur petite maison de brique à cour carrée, un homme et une femme hésitent, puis nous invitent à boire le thé. C’est le père, la soixantaine, fine barbe grisonnante et calotte musulmane blanche sur la tête, qui raconte : il était l’un des premiers sur place. « On était plus d’une centaine. Nos chefs nous ont dit : surtout, pas de violence, vous pouvez protester, mais si on en vient aux mains, on a perdu. » D’après lui, l’auteur de la vidéo et quelques autres ont été interrogés, puis relâchés. « Maintenant, ça va, on peut retourner prier, assure-t-il. Ils vont refaire la mosquée avec un style plus chinois, comme cela », dit-il en montrant le toit aux bords recourbés de sa petite maison traditionnelle.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: