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Trois jours après le vote, les résultats complets du caucus démocrate dans l’Iowa ont été publiés, jeudi 6 février, mais aucun vainqueur n’a été déclaré, en raison d’un bug informatique de l’application mobile du parti. Malgré ce fiasco, ces résultats donnent une première estimation des personnalités en bonne voie pour devenir le ou la candidate démocrate à la présidentielle américaine de novembre.
Le trentenaire Pete Buttigieg a créé la surprise en terminant au coude-à-coude avec le sénateur Bernie Sanders – selon des résultats portant sur la totalité des bureaux de vote, M. Buttigieg a obtenu 26,2 % des suffrages, contre 26,1 % pour M. Sanders –, s’imposant quoi qu’il arrive comme un candidat incontournable dans la course à la Maison Blanche. L’autre surprise vient du mauvais score de Joe Biden, le vice-président de Barack Obama, qui arrive quatrième, derrière la sénatrice Elizabeth Warren, alors qu’il domine les sondages au niveau national depuis des mois.
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Pete Buttigieg, le trentenaire qui crée la surprise
Ancien maire de South Bend, une ville modeste de 100 000 habitants dans l’Indiana, Pete Buttigieg est le fils d’un professeur émérite de littérature et a lui-même suivi un brillant parcours académique. Sorti major de son lycée privé, il se fait remarquer par la famille Kennedy en 2000 en remportant le prix JFK de l’essai sur le courage. Son parcours prestigieux le conduit à être diplômé d’histoire et de littérature à Harvard, puis à Oxford.
Pete Buttigieg a travaillé pour la campagne présidentielle du démocrate John Kerry en 2004, puis en tant que consultant pour le ministre de la défense William Cohen de 2004 à 2005. En 2013, pendant sept mois, il a été mobilisé en tant qu’officier de renseignement réserviste de la Navy en Afghanistan.
Le benjamin de la course démocrate défend des positions centristes. Hostile à une couverture santé universelle financée par l’Etat fédéral, il défend la liberté de choix pour passer du système des assurances privées à un système public. Il est favorable à une hausse de la fiscalité pour les plus riches et prône la gratuité des études supérieures sous condition de ressources. Concernant l’écologie, il s’oppose à de nouveaux permis d’exploitation d’hydrocarbures, y compris offshore, et il est favorable à une taxe carbone. Il prône un solide budget de défense ainsi que le rapatriement des troupes déployées.
Premier candidat démocrate ouvertement homosexuel de l’histoire, Buttigieg était pressenti pour concourir à l’élection du gouverneur de l’Indiana en 2020, mais a choisi de viser le bureau Ovale en annonçant sa candidature le 23 janvier 2019. S’il est moins connu au niveau national que ses concurrents directs comme Joe Biden, il entend à 38 ans reprendre à ce dernier le flambeau de l’aile modérée et tend la main aux électeurs de Donald Trump.
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Bernie Sanders, candidat de l’aile gauche qui a cette fois de nombreux concurrents
Sénateur indépendant du petit Etat du Vermont depuis 2007, Bernie Sanders s’est imposé au fil des années au sein de l’aile gauche du Parti démocrate, jusqu’à s’imposer comme le seul concurrent de Hillary Clinton dans la course à l’investiture démocrate en 2016. Un duel qu’il perdra (43,1 % des voix contre 55,1 %), non sans opposer une résistance qui a étonné plus d’un observateur de la vie politique américaine.
Socialiste autoproclamé dans un pays où le socialisme est associé au communisme et érigé à l’extrémité de l’échiquier politique, M. Sanders est l’un des plus progressistes des candidats à la primaire. Le sénateur du Vermont est favorable à l’élimination des assurances privées qui garantissent la protection santé de la majorité des Américains pour les remplacer par un système financé par l’Etat fédéral (« Medicare for All »).
Il est également partisan d’une forte imposition des plus fortunés et de la couverture santé universelle. Seul à proposer l’annulation totale de la dette étudiante, réclamant la gratuité de l’éducation publique, il est aussi un ardent soutien de la lutte contre le réchauffement climatique et de la défense des droits civiques et des libertés publiques. Il veut notamment fermer les centrales nucléaires et interdire la fracturation hydraulique.
Alors qu’il était le seul réel opposant à Mme Clinton en 2016, M. Sanders doit faire face cette fois-ci à de nombreux autres candidats, plus jeunes et incarnant un nouvel élan pour le parti. Le sénateur de 78 ans, qui s’est déclaré candidat le 19 février 2019, pointe actuellement à la deuxième place dans les sondages nationaux, derrière l’ex-vice président Joe Biden et devant Elizabeth Warren. Affilié aux démocrates mais non encarté, M. Sanders est aussi critiqué pour son indépendance et son manque de solidarité avec la ligne du parti.
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Elizabeth Warren, une bonne oratrice à la popularité grandissante
Originaire d’une famille nombreuse et modeste de l’Oklahoma, Elizabeth Warren a poursuivi une carrière de professeure de droit et s’est spécialisée dans les questions de régulation des faillites et de la protection des consommateurs.
Mme Warren, 70 ans, est l’une des démocrates les plus en vue pour succéder à Donald Trump, qu’elle a qualifié de « brute raciste » et d’« apprenti tyran ». Bonne oratrice, perçue comme une adversaire combative des intérêts privés, sa popularité est grandissante dans l’électorat démocrate. Signe du poids qu’elle représente, elle est régulièrement la cible des moqueries de Donald Trump.
La candidate épouse une bonne partie des idées de Bernie Sanders, comme la gratuité des études supérieures, l’annulation ciblée de la dette étudiante, l’interdiction de la fracturation hydraulique, la réduction des dépenses militaires et le rapatriement des troupes. Mais la fermeté de ses positions politiques – spécialement sur la régulation du secteur financier – s’est construite au détriment de l’unité du parti, selon plusieurs sénateurs. Le fait que son intransigeance divise les différentes sensibilités du Parti démocrate peut constituer une vraie difficulté à rassembler une base électorale assez large. La sénatrice du Massachusetts depuis 2012 doit encore montrer qu’elle peut être la candidate la plus à même de battre Donald Trump.
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Joe Biden, le faux favori
Né dans une famille modeste de Pennsylvanie, Joe Biden sort diplômé en science politique et en histoire de l’université du Delaware en 1965, et de droit à l’université de Syracuse (Etat de New York) en 1968. Il entre par la petite porte de la politique en se faisant élire au conseil du comté de New Castle (Delaware) en 1970. C’est dans cet Etat que, deux ans plus tard, il est élu sénateur. Une période difficile marquée par la mort de sa femme et de sa fille d’un an et demi dans un accident de voiture peu après son élection. M. Biden élève alors seul ses deux fils, qui ont survécu, avant de se remarier quelques années plus tard.
Réélu sans cesse au Sénat par son électorat du Delaware, M. Biden entre au puissant comité judiciaire de l’institution en 1981 et en prendra la présidence en 1987. Par son profil de modéré, centriste du Parti démocrate, il s’impose comme un sénateur influent et particulièrement bipartisan. Mais il échouera deux fois à gagner la primaire démocrate (1988 et 2008). Il devient colistier de Barack Obama après son retrait de la course en 2008 et sera son vice-président durant ses deux mandats.
Depuis son entrée en campagne, le 25 avril, Joe Biden répète à l’envi que cette longue expérience gouvernementale et parlementaire fait de lui le meilleur espoir des démocrates pour vaincre Donald Trump.
Sur le plan économique, ses propositions de réformes fiscales s’attaquent principalement aux inégalités entre Etats et se concentrent sur les travailleurs, en appelant par exemple au doublement du salaire horaire minimum. Joe Biden est aussi, et depuis longtemps, un soutien de la défense de l’environnement et de la lutte contre le changement climatique, en proposant notamment l’instauration d’une taxe carbone.
Son programme prévoit également une extension de l’Obamacare pour assurer une couverture santé à ceux qui en sont dépourvus. Comme tous les autres candidats, il défend un salaire minimum fédéral de 15 dollars par heure (au lieu de 7,25 dollars actuellement). Il est par ailleurs pour la régularisation des sans-papiers quand ils sont entrés enfants dans le pays et pour l’encadrement du marché des armes à feu. Il prône un budget de défense élevé et le maintien des troupes à l’étranger.
Joe Biden se présentait sur la ligne de départ du marathon des primaires démocrates bardé de sondages flatteurs et de soutiens de poids. Le caucus de l’Iowa, première étape de la course, l’a donc fait trébucher. Un décalage qui renvoie à la question centrale qui plane au-dessus de Joe Biden : dans l’Amérique contemporaine, un homme blanc de 77 ans au positionnement politique centriste ayant passé plus de quarante années à Washington peut-il électriser une base électorale démocrate qui aspire de plus en plus à un changement radical ?
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