L’entreprise française de VTC Heetch veut se développer en Afrique francophone

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L’application Heetch sur un smartphone.
L’application Heetch sur un smartphone. Heetch

Heetch voit loin et grand. « On a l’ambition de devenir le leader des marchés de VTC en Afrique francophone », affirme Teddy Pellerin, cofondateur de la start-up française qui met en relation des passagers avec des chauffeurs via son application mobile. L’entreprise créée en 2013 vient de lever 4 millions d’euros auprès du fonds d’investissement AfricInvest. Basé à Tunis, ce leader du capital investissement en Afrique détient un portefeuille d’actifs estimé à 1,5 milliard de dollars (1,35 milliard d’euros).

« C’est une bonne nouvelle car nous allons pouvoir compter sur l’expertise d’un acteur qui connaît cette zone du monde », se réjouit M. Pellerin. Il s’agit de la quatrième levée de fonds en deux ans pour Heetch depuis son basculement vers le marché des voitures de transport avec chauffeur (VTC), à la suite de ses déboires judiciaires, liés à sa précédente activité de transport urbain entre particuliers. Avec cet argent frais, Heetch compte poursuivre son développement à l’international, initié en 2018 avec le lancement de la plate-forme à Casablanca, au Maroc.

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En plus de ses marchés historiques que sont la France et la Belgique, elle est aussi présente, depuis l’été, en Algérie et au Cameroun. « On vise une implantation dans une dizaine de pays d’ici à l’an prochain », assure Teddy Pellerin, qui cite la Tunisie et le Sénégal comme prochaines cibles. Mais la conquête de ces marchés africains suppose de surmonter bien des écueils, structurels et juridiques

En mai, Teddy Pellerin annonçait fièrement l’arrivée de Heetch en Côte d’Ivoire, après avoir récolté 34 millions d’euros auprès d’investisseurs convaincus par les projets de développement de la start-up sur le continent. Abidjan incarne alors un écosystème idéal : beaucoup d’embouteillages, peu de solutions de transports en commun, une clientèle jeune et un vide juridique propice aux entreprises de VTC.

Revoir sa stratégie africaine

La mototaxi s’impose comme une évidence pour la start-up. Ce mode de transport, déjà proposé ailleurs sur le continent par les géants Uber et Taxify, est prisé en Afrique de l’Est, mais relativement peu développé à l’Ouest. Heetch recrute alors une poignée de conducteurs et les forme au respect du code de la route. Mais au bout de quelques jours de test, les autorités ivoiriennes interdisent les mototaxis à Abidjan. En cause ? La recrudescence des chauffeurs clandestins à deux roues.

Ce revirement pousse la plate-forme de revoir sa stratégie africaine. Plus question de s’implanter immédiatement au Sénégal comme initialement prévu : ce marché s’annonce compliqué à aborder compte tenu d’une absence de législation sur le statut des VTC, de la concurrence locale avec le marché informel et de l’hostilité des taxis professionnels. « On a décidé de prioriser d’autres pays. A la place, on a été en Algérie parce qu’il y a un statut de VTC déjà reconnu et au Cameroun car la mototaxi y est légale », indique Teddy Pellerin.

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Sur le continent, les difficultés réglementaires sont loin d’être les seules. Ainsi, les itinéraires sont souvent contrariés car les noms de rues – lorsqu’ils existent – ne sont pas toujours répertoriés par les systèmes de géolocalisation. Le recrutement de chauffeurs qualifiés et possédant un véhicule aux normes se révèle aussi compliqué. Sans compter le faible taux de bancarisation des pays africains qui remet en cause le principe du paiement via une application mobile. En 2017, seulement 43 % des adultes possédaient un compte bancaire en Afrique subsaharienne, contre 95 % dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), selon la Banque mondiale.

« Aujourd’hui, on est sur des solutions de paiement en cash. En Algérie, nous avons passé un accord avec la Société générale pour permettre à nos chauffeurs de déposer notre commission sur leurs courses hebdomadaires dans n’importe quelle agence de la banque. C’est un modèle qu’on essaiera d’appliquer ailleurs même si, petit à petit, on va évoluer sur du paiement mobile », réplique M. Pellerin. Malgré les obstacles, Heetch croit fermement au potentiel de ces marchés. « A Douala, il y a entre 60 000 et 100 000 mototaxis. C’est énorme par rapport à Paris où il y en a environ 20 000. Et les habitants de la ville font beaucoup plus de trajets par jour », s’enthousiasme M. Pellerin.

S’associer avec un partenaire local

La start-up ne compte donc pas renoncer à l’Afrique francophone, une zone où son concurrent principal Uber peine à se développer. La firme américaine a dû cesser ses activités au Maroc en février 2018 à la suite d’un conflit avec les syndicats locaux, et s’est vue récemment refuser l’accès au marché sénégalais par les autorités du pays.

Heetch espère avoir trouvé la recette gagnante. « A chaque fois que nous allons dans un marché en Afrique, nous essayons de trouver un partenaire local avec lequel s’associer », explique M. Pellerin. En s’alliant à un entrepreneur marocain, la start-up est devenue leader du VTC à Casablanca, après le départ d’Uber. Cet arrangement lui a permis d’obtenir l’agrément des autorités et le soutien des syndicats de taxis. Quelque 4 000 chauffeurs et près de 50 000 clients réguliers sont désormais inscrits sur la plate-forme.

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Au Cameroun, le modèle diffère. Face à la concurrence du secteur informel, Heetch fait le pari d’attirer les chauffeurs de mototaxi dans la légalité. « Nous travaillons avec les chefs de camps qui organisent les mototaxis. Nous formons les conducteurs et nous leur fournissons des casques », précise Teddy Pellerin.

Heetch met en avant la sécurité des trajets pour se démarquer et justifier les écarts de prix entre son offre et celle des transports locaux. « Aujourd’hui, on commence par des populations qui vont vouloir chercher de la sécurité, du confort et qui sont prêtes à payer un peu plus cher pour cela », souligne-t-il. Par exemple, au Maroc, la différence entre le prix d’une course avec un taxi et ou avec Heetch est en moyenne de 5 à 10 dirhams (de 50 centimes à 1 euro), selon la start-up. Mais elle dit espérer pouvoir proposer des tarifs plus bas avec l’augmentation de ses chauffeurs et des clients. Toujours optimiste, Teddy Pellerin confirme vouloir revenir en Côte d’Ivoire dès 2020. Cette fois-ci, avec un associé ivoirien.

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