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La production et la collecte d’uranium enrichi ont démarré alors que l’accord de Vienne interdit à Téhéran de mener des activités d’enrichissement dans cette usine.
L’Iran a repris, jeudi 7 novembre, ses activités d’enrichissement d’uranium à l’usine souterraine de Fordo, conformément à sa décision annoncée mardi de réduire encore un peu plus ses engagements pris devant la communauté internationale en 2015 sur son programme nucléaire.
« Dans les premières minutes de la journée de jeudi […] la production et collecte d’uranium enrichi [a commencé] dans les installations de Fordo », à environ 180 km au sud de Téhéran, annonce un communiqué de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA). Le texte précise que « toutes ces activités ont été réalisées sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique » (AIEA), organe des Nations unies (ONU) chargé du contrôle du programme nucléaire iranien.
A Vienne, une source proche de l’AIEA a confirmé mercredi à l’Agence France-Presse que les inspecteurs de l’Agence étaient sur place, à Fordo, et qu’un rapport spécial sur la situation dans cette usine devrait être remis très rapidement.
Pression sur les signataires de l’accord
Le porte-parole de l’OIEA, Behrouz Kamalvandi, a déclaré mercredi que la production d’uranium enrichi à Fordo serait « opérationnelle à partir de minuit » dans la nuit de mercredi à jeudi.
Téhéran avait donné un délai aux Etats qui sont toujours dans l’accord de Vienne (Chine, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) pour qu’ils l’aident à surmonter les conséquences du retrait des Etats-Unis de ce pacte en mai 2018. C’est au lendemain de l’expiration de ce délai que le président, Hassan Rohani, a annoncé la reprise d’activités gelées, quatrième phase du plan de réduction des engagements iraniens lancé en mai, en riposte à la rétractation des Etats-Unis.
Par cette politique, Téhéran entend faire pression sur les autres parties pour qu’elles l’aident à contourner les sanctions rétablies par Washington, qui ont plongé son économie dans une sévère récession.
L’Iran dit rester attaché à l’accord
Aux termes de l’accord de Vienne, Téhéran a accepté de réduire drastiquement ses activités nucléaires – afin de garantir leur nature exclusivement civile – en échange de la levée d’une partie des sanctions internationales asphyxiant son économie. L’accord interdit à la République islamique de mener des activités d’enrichissement d’uranium à Fordo, usine souterraine longtemps tenue secrète.
La République islamique assure rester attachée à la survie de l’accord et être prête à revenir à l’application complète de ses engagements dès lors que les autres parties respecteront les leurs, en prenant des mesures concrètes pour satisfaire ses demandes, et en particulier en lui permettant d’exporter son pétrole.
Mais l’annonce de la reprise d’activités d’enrichissement à Fordo a suscité l’inquiétude des signataires de l’accord de Vienne.
Le Kremlin a dit « observer avec préoccupation le développement de la situation », tandis que Paris, Londres, Berlin et l’Union européenne (UE) ont appelé Téhéran à revenir sur sa décision. L’UE a exhorté l’Iran à s’abstenir de nouvelles mesures susceptibles de miner davantage l’accord de Vienne et de rendre encore « plus difficile » son sauvetage.
« Pas acceptable » pour Berlin
A Pékin mercredi, Emmanuel Macron a jugé que l’Iran avait « décidé de sortir du cadre » de l’accord, « pour la première fois de manière explicite et […] non limitée ».
C’est « un changement profond », a ajouté M. Macron :
« J’aurai des discussions dans les prochains jours, également avec les Iraniens, et nous devons collectivement en tirer les conséquences. »
« Ce que le président Rohani a annoncé n’est pas acceptable », a déclaré pour sa part le ministre des affaires étrangères allemand, Heiko Maas. Il a appelé « l’Iran à revenir sur toutes les mesures qu’il a prises depuis juillet et à respecter à nouveau pleinement ses engagements » internationaux.
Washington, qui mène contre Téhéran une politique de « pression maximale » destinée à contraindre la République islamique à conclure un nouvel accord encadrant son programme nucléaire avec de « meilleures garanties », a réagi à la remise en route des centrifugeuses de Fordo en accusant l’Iran de poursuivre son « chantage nucléaire ».
L’Iran a retiré l’accréditation d’une inspectrice de l’AIEA
Téhéran a retiré l’accréditation d’une inspectrice de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à la suite d’un incident survenu la semaine dernière à l’entrée de l’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz, dans le centre de l’Iran, selon un communiqué officiel diffusé jeudi 7 novembre
Lors d’un contrôle, cette inspectrice « a déclenché une alarme », suscitant l’inquiétude qu’elle puisse porter sur elle « un produit suspect », indique ce communiqué de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA).
En conséquence, l’entrée de l’inspectrice sur le site « a été interdite », ajoute le communiqué, sans dire si un produit suspect a effectivement été trouvé sur elle.
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