« L’échec de l’expérience démocratique turque n’est pas dû à l’adhésion aux valeurs islamiques mais à leur trahison »

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Contrairement à ce que démontre le pouvoir autoritaire d’Erdogan en Turquie, il est possible de construire une démocratie musulmane respectueuse de l’Etat de droit, défend, dans une tribune au « Monde », l’opposant exilé aux Etats-Unis.

Publié aujourd’hui à 06h30, mis à jour à 06h30 Temps de Lecture 9 min.

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Il fut un temps où la Turquie était saluée comme le modèle de la démocratie musulmane moderne. Il est vrai que, au début des années 2000, l’AKP [Parti de la justice et du développement, au pouvoir] avait mis en œuvre des réformes conformes aux standards démocratiques de l’Union européenne (UE) et amélioré le bilan du pays en ce qui concerne les droits de l’homme.

Malheureusement, les réformes démocratiques ont fait long feu. Le processus a été bloqué quelques années plus tard puis, autour de 2011, après sa troisième victoire électorale, le premier ministre de l’époque, aujourd’hui président de la République, Recep Tayyip Erdogan, a fait un demi-tour complet.

« L’échec de l’expérience démocratique turque n’est pas dû à l’adhésion à ces valeurs islamiques mais plutôt à leur trahison »

Le glissement vers l’autoritarisme a retiré à la Turquie son « exemplarité », à laquelle les autres pays à majorité musulmane pouvaient aspirer.

La démocratie est le système de gouvernement le plus compatible avec les principes de l’islam relatifs à la gouvernance. Certains pourraient être tentés d’invoquer l’exemple négatif de la Turquie sous Erdogan pour démontrer une incompatibilité entre les valeurs démocratiques et islamiques. Or, malgré des dehors d’observance islamique, le régime d’Erdogan représente une trahison totale des principales valeurs islamiques.

Celles-ci ne se réduisent pas à un style vestimentaire ou à l’utilisation de slogans religieux. Elles incluent le respect de l’Etat de droit avec un pouvoir judiciaire indépendant, la responsabilité des dirigeants et la protection des droits inaliénables et des libertés de chaque citoyen. L’échec de l’expérience démocratique turque n’est pas dû à l’adhésion à ces valeurs islamiques mais plutôt à leur trahison.

  • S’exprimer contre l’oppression est aussi un devoir religieux

Bien que musulmane à 99 %, la société turque reste remarquablement hétérogène. Les citoyens turcs adhèrent à de nombreuses idéologies, philosophies et croyances différentes et s’identifient comme sunnites ou alévis, turcs, kurdes ou d’une autre ethnie, musulmans ou non musulmans, pieux ou séculiers.

Dans une telle société, les tentatives d’homogénéisation sont non seulement improductives mais surtout liberticides. La forme de gouvernance participative où aucun groupe, majoritaire ou minoritaire, ne domine les autres est la seule viable pour une population aussi diverse. On peut en dire autant de la Syrie et des autres pays voisins de la région.

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