« Le vote lepéniste s’est renforcé là où l’extrême droite était faible »

Bonjour Val,

Le choix de Jordan Bardella ne semble en tout cas pas avoir joué en défaveur du RN. Le poulain de Marine Le Pen a même fait une bonne campagne, sans impair majeur et avançant avec une assurance presque déconcertante pour ses 23 ans, sans trébucher sur le terrain médiatique ni auprès des militants. 

Dans la répartition des rôles avec Marine Le Pen, dans les nombreux meetings qu’ils ont partagé durant les six mois de campagne, Jordan avait récupéré celui du sniper identitaire. C’est lui qui chargeait Emmanuel Macron et jouait sur le triptyque “immigration-sécurité-identité”. Lui qui récoltait le plus de “On est chez nous” scandés par le public.
Jordan Bardella n’a, il faut bien dire, rien du débutant en politique. Encore moins du novice dans le clan lepéniste, lui qui est devenu proche de la famille de Frédéric Chatillon, ami de longue de date de Marine Le Pen et ancien leader du groupuscule d’extrême droite violent et autodissous Groupe union défense (GUD). Depuis son adhésion à 16 ans au Front national, il a coché toutes les cases lui permettant de présenter le visage de jeune lieutenant aguerri : secrétaire départemental de Seine-Saint-Denis à 19 ans, conseiller régional d’Ile-de-France à 20 ans, il est même promu, après la présidentielle de 2017, directeur national de Génération nation, la branche jeunesse du parti d’extrême droite, et porte-parole du parti.

Autre avantage de ce choix : pour le sociologue Sylvain Crépon : “Bardella était un choix très judicieux, symbolique. Un jeune peu diplômé, issu des catégories populaires et né en Seine-Saint-Denis qui devient tête de liste et mène vraiment campagne, l’effet miroir est parlant pour les électeurs des banlieues, qui peuvent se projeter. Encore un message édifiant envoyé aux autres partis politiques, qui ne peuvent pas en dire autant. Cela donne le sentiment que le RN est le seul qui donne la chance aux classes populaires.”