« Le tourisme international creuse les écarts entre visiteurs et visités, entre l’homme et l’environnement »

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Dans une tribune au « Monde », le sociologue Bernard Duterme dénonce les méfaits du tourisme international, pourtant vanté chaque trimestre par l’OMT.

Publié aujourd’hui à 15h24, mis à jour à 15h48 Temps de Lecture 3 min.

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« Le tourisme international crée certes des bénéfices, mais aussi d’importants coûts. Des coûts et des bénéfices économiques, sociaux, environnementaux, culturels, voire politiques, rarement bien répartis » (Photo: Grande barrière de corail, Australie, en 2014).
« Le tourisme international crée certes des bénéfices, mais aussi d’importants coûts. Des coûts et des bénéfices économiques, sociaux, environnementaux, culturels, voire politiques, rarement bien répartis » (Photo: Grande barrière de corail, Australie, en 2014). WILLIAM WEST / AFP

Tribune. A chaque parution du baromètre trimestriel de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) un même refrain extasié s’impose, acritique, repris en chœur par monts et par vaux, comme s’il s’agissait de la chronique heureuse d’une marche assurée vers la prospérité universelle. Parée de toutes les vertus argentées, cohésives et douces du « développement durable », l’expansion touristique est « la » bonne nouvelle à répétition. Les voyages récréatifs se multiplient, les destinations rivalisent de bons plans, les hôtes se frottent les mains. Dans le meilleur des mondes.

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Pourtant, l’OMT elle-même n’est pas dupe : le tourisme international crée certes des bénéfices, mais aussi d’importants coûts. Des coûts et des bénéfices économiques, sociaux, environnementaux, culturels, voire politiques, rarement bien répartis et dont la somme ne s’annule pas. Ainsi de son propre chef, l’agence onusienne appelle à « transformer le tourisme mondial et la manière dont il est pratiqué (…) pour le rendre socialement, économiquement et écologiquement durable ». Ce qui ressemble à un aveu qu’en l’état « son enfant chéri » ne l’est pas. Qu’il n’est ni équitable, ni profitable, ni soutenable.

Dans ses formes dominantes, le tourisme international tend à creuser les écarts, entre ceux qui en jouissent et ceux qui en pâtissent, entre les tour-opérateurs transnationaux et les acteurs locaux, entre les visiteurs et les visités, entre l’homme et l’environnement.

Quête de dépaysement

Déjà, la prétendue « démocratisation » du tourisme international ne fait plus illusion. Car si demain chaque individu sur terre se retrouvait en position d’exercer son droit à la mobilité de plaisance sans frontières, les capacités d’absorption écologique n’y suffiraient pas. Que l’on pense aux gaz à effet de serre (le secteur en émet déjà 8 % du total), aux déchets des croisières, littoraux saturés, terrains de golf irrigués nuit et jour en zones arides… Le voyage touristique à l’étranger est un luxe et se condamne à le rester. Moins de 7 % de l’humanité y a accès, une personne sur quinze. De l’immobilité des majorités, assignées à résidence, dépend la propension des privilégiés à « goûter » le monde, à « faire » telle ville ou telle contrée, au gré de leurs envies.

Et leurs envies explosent. Plusieurs fois par an désormais. Suivre le mouvement (le « tourisme de masse » au risque du « surtourisme ») ou s’en distinguer (le « tourisme de niche » au risque de l’« exclusivisme »), la quête de dépaysement opère. Dépaysement mesuré toutefois, qui rassure, lissé et conforme à l’image simplifiée, enjolivée, folklorisée que le marché de l’exotisme en offre. « De l’authentique en toc », écrit la géographe Sylvie Brunel, auteure de La Planète disneylandisée. Pour un tourisme responsable (Editions Sciences humaines, 2012)

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