« Le terme de “guerre” est désormais justifié »

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Derrière l’affrontement commercial entre Pékin et Washington se joue bien un match pour l’hégémonie mondiale, constate l’économiste Lionel Fontagné dans une tribune au « Monde ».

Par Lionel Fontagné Publié aujourd’hui à 14h17

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Xi Jinping et Donald Trump à Buenos Aires, lors d’un dîner de travail dans le cadre du sommet du G20.
Xi Jinping et Donald Trump à Buenos Aires, lors d’un dîner de travail dans le cadre du sommet du G20. Kevin Lamarque / REUTERS

Tribune. La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine n’est-elle que le dernier épisode en date des tendances protectionnistes américaines ? De multiples conflits commerciaux ont déjà opposé les Etats-Unis à leurs partenaires depuis l’après-guerre, et la Chine a été, depuis son entrée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), visée plus souvent qu’à son tour.

Mais l’enchaînement de sanctions et de représailles auquel on assiste aujourd’hui semble inédit, et surtout le terme de « guerre » est désormais justifié, puisque l’une des parties est disposée à supporter des pertes afin d’infliger des dommages conséquents à l’adversaire.

Cette situation est-elle pour autant similaire à celle qui avait vu, au début du XXe siècle, la fin de la précédente mondialisation et le passage de témoin du Royaume-Uni aux Etats-Unis comme puissance économique dominante ?

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Jusqu’à la première guerre mondiale, l’étalon-or avait assuré quatre décennies de stabilité des changes, au grand bénéfice du commerce international. Le retour chaotique à la convertibilité des monnaies, à partir du milieu des années 1920, s’était accompagné de la montée du protectionnisme. La combinaison de l’étalon-or (dans lequel les réserves de change en livre sterling et en dollar américain « valaient » l’or) et d’une reprise des échanges après-guerre avait en effet mis en évidence que les parités retenues n’étaient pas soutenables et que le système était trop rigide.

Les politiques économiques devaient choisir entre soutenir ces parités en procédant à des dévaluations internes (par la baisse des prix et des salaires), et freiner les mouvements internationaux de capitaux et de marchandises, ou bien dévaluer. Et cette dernière option rendait la situation intenable pour les pays qui souhaitaient conserver leur parité-or. Ainsi, aux Etats-Unis, le fameux « Smoot-Hawley Tariff » de 1930 a surtout été un signal, car il s’agissait d’une augmentation modérée de droits de douane déjà élevés. Plus que le protectionnisme, c’est le désordre général des politiques macro-économiques qui a aggravé la grande crise économique amorcée en 1929.

Un ultime rempart tombe

Une grande crise mondiale plus tard, les enseignements de la spirale protectionniste des années 1930 semblaient avoir été tirés. La crise financière de 2008 et l’effondrement consécutif du commerce mondial n’ont pas dégénéré en conflits commerciaux de grande ampleur. Les multiples mesures prises isolément par de nombreux pays n’ont pas débouché sur une véritable confrontation commerciale entre grands acteurs. D’une certaine façon, c’est l’ultime victoire de l’OMC : la digue a tenu.

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