Le soulèvement au Liban gagne les fiefs chiites

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Les mouvements Hezbollah et Amal ne sont plus épargnés par la protestation antisystème qui secoue le pays.

Par Publié aujourd’hui à 11h06, mis à jour à 15h20

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Lors d’une manifestation antigouvernementale à Tyr, dans le sud du Liban, le 22 octobre.
Lors d’une manifestation antigouvernementale à Tyr, dans le sud du Liban, le 22 octobre. AZIZ TAHER / REUTERS

Dans le sud du Liban, ils sont partout : pendus aux lampadaires de l’autoroute, placardés sur les murs des villes, plantés le long des oliveraies : les étendards vert de Amal et jaune du Hezbollah, les deux poids lourds de la scène politique chiite, saturent le champ de vision. Impossible de les ignorer et de rater le message qu’ils martèlent : cette terre saignée par l’histoire, qui porte encore les stigmates de la guerre civile (1975-1990), de l’occupation israélienne (1978-2000) et de la guerre de 2006 contre Israël, leur appartient. Le Liban sud est à eux.

Et pourtant, depuis une semaine, le tandem chiite, qui remporte à chaque fois la totalité des sièges alloués à sa communauté, est dans la tourmente. Le mouvement de protestation antisystème qui s’est emparé de Beyrouth et du nord du pays n’a pas épargné son fief du sud. Tyr et Nabatiyé, les deux principales villes, sont ébranlées chaque jour par des manifestations de plusieurs milliers de personnes, réclamant la démission du gouvernement, auquel Amal et le Hezbollah participent, sous la houlette du premier ministre sunnite, Saad Hariri.

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Le centre des deux localités résonne de slogans hostiles aux partis au pouvoir : incurie, népotisme, corruption, sectarisme… Un déluge de récriminations, dont le chef d’Amal, le président du Parlement, Nabih Berri, est l’une des principales cibles et auquel le Parti de Dieu, la signification en arabe de Hezbollah, n’échappe pas totalement, en dépit de son aura de libérateur, héritée de sa victoire, en 2000 sur les troupes israéliennes. « Un tabou a été brisé. C’est la première fois que des critiques sont formulées dans le sud, en public, contre ces deux partis », souligne Ali Mourad, professeur de droit à l’université arabe de Beyrouth.

« Grande mafia »

A Tyr, le haut lieu des rassemblements est la place du drapeau, un rond-point face à la mer. Une centaine de manifestants s’y trouvent déjà, mercredi 23 octobre, en fin de matinée, se protégeant des premières pluies de la saison sous un auvent de toile. « Les hommes politiques du sud ont instrumentalisé la peur née de la guerre civile et de l’invasion israélienne, maugrée un homme d’affaires qui refuse de donner son nom. Ils l’ont retournée contre nous pour nous imposer leur volonté et utiliser nos voix à des fins privées. Tous ces gens sont une grande mafia, qui pratique le racket en costume-cravate ».

Ici comme sur la place du gouvernorat de Nabatiyé, le lieu de rendez-vous des contestataires, le clan Berri est accusé d’avoir mis la région en coupe réglée. Le fameux paraphe du « raïs el-majles » (le « président de la chambre »), sans lequel les chiites libanais ne peuvent obtenir d’emploi dans le secteur public, et les « 51 % » non moins célèbres que son épouse, Randa, exigerait d’obtenir dans tout projet économique dans le sud sont sur toutes les lèvres. « Si tu veux envoyer ton fils à l’université, obtenir un remboursement d’une facture d’hôpital, décrocher un job dans un ministère ou gagner un contrat public, il te faut un wasta [piston] des Berri », fulmine Hatem Alawi, l’un des organisateurs de la fronde de Tyr.

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