Le Soudan se dirige vers une pénalisation de l’excision

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Au Soudan, l’excision reste une pratique ancestrale très répandue.
Au Soudan, l’excision reste une pratique ancestrale très répandue. SIEGFRIED MODOLA / REUTERS

Au Soudan, l’excision est en passe d’être punie par la loi : un amendement au code pénal, qui rend leurs auteurs passibles de trois ans d’emprisonnement et d’amendes, a été approuvé par le gouvernement. Il est désormais en attente d’une promulgation.

Cette mutilation sexuelle féminine, qui reste une pratique ancestrale très répandue dans le pays, consiste à retirer partiellement ou totalement le clitoris et les petites lèvres, avec ou sans ablation des grandes lèvres.

La mesure intervient un an après la chute du régime d’Omar Al-Bachir, sous la pression de la rue. L’ex-autocrate, à la tête du pays pendant trente ans après un coup d’Etat soutenu par les islamistes, avait écarté un projet de loi contre l’excision en 2015.

Les femmes soudanaises ont joué un rôle de premier plan dans cette révolte qui a abouti, après la chute d’Omar Al-Bachir en avril 2019, à la formation d’un gouvernement de transition vers un pouvoir civil l’été suivant.

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Près de neuf femmes sur dix excisées

Avant même sa promulgation, l’amendement a d’ores et déjà été salué par les organisations de défense des droits humains. « C’est un grand pas pour les femmes soudanaises », a déclaré à l’Agence France-Presse Zeinab Badreddin, une militante. « Cette pratique n’est pas seulement une violation des droits des jeunes femmes, elle (…) a de graves conséquences pour la santé physique et mentale », a renchéri Abdullah Fadil, représentant de l’Unicef à Khartoum.

Au Soudan, l’excision, qui peut être mortelle dans certains cas, est encore vue comme un « rite de passage » – près de neuf femmes sur dix l’ont subie, selon l’Organisation des Nations unies. C’est aussi le cas dans un nombre encore significatif de pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie, notamment en milieu rural.

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Et la criminalisation de cette pratique n’est qu’une étape d’un long processus sociétal permettant sa disparation, comme le prouve la situation en Egypte, pays le plus peuplé du monde arabe, où l’excision est interdite par la loi depuis 2008 et punie de peines allant jusqu’à sept ans de prison.

« La loi seule ne suffit pas »

Or selon une étude de l’Unicef de 2016, 90 % des femmes et adolescentes de 15 à 49 ans ont été excisées au Soudan. Ces trente dernières années, l’excision a même regagné des contrées où elle avait cessé d’être pratiquée, selon les défenseurs des droits des femmes.

« Pénaliser l’excision n’est pas contraire à la religion. Il n’y a pas de textes [religieux] qui permettent la circoncision des femmes », souligne la militante Sherine Abu Bakr. « C’est une pratique qui doit encore davantage être combattue à la faveur des changements survenus dans le pays », ajoute-t-elle, en allusion au démantèlement du parti islamiste d’Omar Al-Bachir.

« Si nous sommes heureux de l’amendement, la loi seule ne suffit pas », résume pour sa part Manal Abdel Halim, de « Salima », une initiative locale de lutte contre l’excision. « Nous avons toujours besoin de plus de campagnes de sensibilisation. »

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Le Monde avec AFP

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