[ad_1]
LETTRE DE BANGKOK
La décision prise par l’Indonésie rappelle celle qui divisa la France quand, après les attentats de Paris, François Hollande avait proposé que soient déchus de leur nationalité les auteurs d’actes terroristes et les membres de l’organisation Etat islamique (EI) : « Nous déclarons que les [membres indonésiens de l’EI] sont désormais apatrides, conformément à loi sur la citoyenneté », a annoncé, courant février, le secrétaire général de la présidence de l’Indonésie, M. Moeldoko. Un article de cette loi stipule que toute personne ayant rejoint les rangs d’une organisation militaire étrangère ou ayant prêté allégeance à un autre pays peut être dépouillée de sa nationalité.
Société réislamisée
L’annonce a déclenché une controverse dans les milieux politiques et intellectuels de la plus grande nation musulmane de la planète où 87,2 % des 267 millions de citoyens sont des disciples du prophète. Certains estiment bienvenue cette décision, d’autres s’en inquiètent.
Qu’une telle mesure ait été prise dans cet archipel à la fois très attaché à l’islam mais aussi pays meurtri depuis le début du siècle par des attentats djihadistes à répétition est un événement qui n’est pas sans importance : un nombre significatif de citoyens semble approuver la décision du chef de l’Etat, le président Joko Widodo. Même dans un contexte politique où l’on assiste à la réaffirmation croissante des valeurs religieuses et la montée en puissance de l’influence des cercles islamo-conservateurs, peu sont tentés de défendre le principe du djihad armé au nom de la religion.
Car la société tout entière a beau avoir été « réislamisée » de manière significative depuis une vingtaine d’années, les Indonésiens, pour l’essentiel, condamnent le radicalisme : « La plupart d’entre nous n’en ont rien à faire d’environ 600 combattants indonésiens de l’EI en Syrie », assure Andre Syahreza, journaliste et écrivain de Djakarta.
« Je soutiens à fond la décision du chef de l’Etat », nous écrit Elza, professeure à Padang, une capitale régionale de l’île de Sumatra. Pour cette jeune femme musulmane très pieuse, qui défend des valeurs religieuses assez conservatrices, « accepter de laisser revenir ces terroristes serait dangereux pour l’ensemble de notre pays. La doctrine de l’Etat islamique est une doctrine dangereuse » !
Le fait que la décision soit également approuvée par la Nahdlatul Ulama (Renaissance des oulémas), organisation musulmane traditionaliste qui regrouperait quelque 90 millions de membres, en dit long sur la répulsion que provoque le djihadisme dans une nation longtemps très sécularisée.
[ad_2]
Source link
Have something to say? Leave a comment: