« Le seul moyen d’être entendu, c’est par des protestations massives »

0
98

[ad_1]

Professeur d’histoire à l’université de Stanford (Californie), Clayborne Carson a été choisi en 1985 par la veuve de Martin Luther King, Coretta Scott King, pour éditer et publier les discours, sermons et archives du pasteur assassiné en 1968. Il dirige l’Institut de recherche et d’éducation Martin Luther King Jr, ouvert en 2005 à Stanford. A l’âge de 19 ans, il a participé à la marche du 28 août 1963 sur Washington, où le révérend a prononcé son fameux discours « I have a dream ».

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Aux Etats-Unis, les protestations actuelles ont des racines anciennes »

Quelle est l’importance historique des manifestations actuelles contre le racisme et les brutalités policières ?

C’est un tournant dans l’histoire du mouvement de réforme de la justice sociale. Au début des années 1960, les jeunes organisaient des sit-ins, des « freedom rides ». Ils ont favorisé l’émergence d’un mouvement de masse qui a conduit à la marche sur Washington du 28 août 1963.

Aujourd’hui, après le meurtre de George Floyd, il ne leur a fallu que quelques jours pour mobiliser un mouvement de protestation plus important que la marche de 1963. Et très peu de gens de plus de 30 ans ont joué un rôle là-dedans. En utilisant les réseaux sociaux, les jeunes ont montré qu’ils pouvaient accomplir des choses inconcevables dans les années 1960. Ils ont réussi à mobiliser des centaines de milliers de personnes à travers le pays et même dans le monde – alors que nous sommes au milieu d’une pandémie !

Cette génération joue maintenant un rôle majeur dans d’autres domaines essentiels. On le voit dans le mouvement de défense de l’environnement, dans celui du contrôle des armes à feu. Après la fusillade de Parkland, en Floride, les lycéens ont réuni 1 million de personnes à Washington. C’est une génération très impatiente, et pas seulement avec la question des violences policières.

Lire aussi « Black Lives Matter » : nouvelle journée de manifestations pacifiques aux Etats-Unis

Les manifestants débattent de la non-violence et des méthodes d’action. Certains se revendiquent de la fameuse assertion de Martin Luther King, dans un discours à Stanford justement, en 1967 : « Au bout du compte, l’émeute est le langage de ceux qui ne sont pas entendus »…

Le seul moyen d’être entendu, c’est par des protestations massives. C’est difficile aux Etats-Unis de faire autrement : nous avons un système qui n’est pas vraiment démocratique. Donald Trump n’a pas été élu par la population, les jeunes en sont particulièrement conscients.

Il y a eu beaucoup de critiques sur le fait que certaines manifestations ont été suivies de pillages. Ma vision est celle-ci : oui, nous devons avoir une discussion sur les pillages, mais il faut alors inclure le fait que mes ancêtres ont été pillés d’Afrique, que l’Amérique a bâti sa force sur du travail pillé. Ce pays est bâti sur une terre qui a été volée aux indigènes et il continue à piller les ressources naturelles du monde entier.

Il vous reste 57.93% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: