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LETTRE DU CAIRE
L’hôtel Fairmont, l’un des palaces les plus cotés du Caire, est davantage habitué à alimenter les pages people des magazines que la rubrique faits divers des quotidiens. Pourtant, depuis le mois de juillet, l’établissement égyptien se trouve au cœur d’une affaire de viol retentissante. En avril 2014, des membres de la haute société cairote ont abusé à tour de rôle d’une jeune fille de 18 ans, qu’ils avaient au préalable droguée et entraînée dans l’une des suites de l’hôtel, avec vue sur le Nil.
Persuadés que leur statut social les mettait à l’abri de toute poursuite, les violeurs ont signé leur forfait en traçant leurs initiales sur le dos de leur victime. Ils se sont même filmés et ont partagé la vidéo dans leur réseau, comme si elle dépeignait un exploit sportif, comme s’il s’agissait d’un trophée.
Un flot de témoignages déferle
Mais au début de l’été, six ans plus tard, un compte Instagram baptisé Assault Police (la police du harcèlement), dédié à la lutte contre les violences sexuelles, a fait éclater le scandale. Quelques semaines après la révélation des viols en série commis par un étudiant de la prestigieuse Université américaine du Caire, l’affaire de l’hôtel Fairmont a ouvert le moment #metoo de l’Egypte.
Le harcèlement sexuel (« taharosh » en arabe) est l’une des nombreuses plaies du pays. Dans une étude menée sur les bords du Nil par les Nations unies (ONU), en 2013, 99 % des femmes interrogées disaient avoir déjà été la cible de propos salaces ou de gestes déplacés. Un phénomène aux racines multiples : la frustration des jeunes hommes, à qui la société interdit d’avoir des relations sexuelles hors mariage ; la promiscuité induite par la surpopulation des villes et la pauvreté ; la réislamisation de la société à partir des années 1980, dans un sens de plus en plus obscurantiste…
De peur d’être ostracisées ou de se heurter à l’indifférence des institutions, les Egyptiennes se sont habituées à taire ces agressions intimes. Mais, début juillet, un flot de témoignages déferle sur Assault Police et sur d’autres plates-formes du même genre. La parole se libère et, une fois n’est pas coutume, les autorités semblent en prendre acte. Le Conseil national de la femme, incarnation de l’aspiration à l’égalité des sexes affichée par le président Abdel Fattah Al-Sissi, appelle les victimes ou les témoins d’actes délictueux à se signaler, en leur garantissant « tout le soutien nécessaire ».
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