Le Salvador part en croisade contre la corruption

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Suivant sa promesse de campagne, le président Nayib Bukele, élu en février, vient de lancer dans son pays une Commission internationale contre l’impunité.

Par Publié aujourd’hui à 19h20

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Le président du Salvador, Nayib Bukele, entouré, à gauche de Luis Porto, l’envoyé spécial de l’Organisation des Etats américains et, à droite, d’Alexandra Hill, sa ministre des affaires étrangères, lors de la création de la Commission internationale contre l’impunité au Salvador, le 6 septembre 2019 à San Salvador.
Le président du Salvador, Nayib Bukele, entouré, à gauche de Luis Porto, l’envoyé spécial de l’Organisation des Etats américains et, à droite, d’Alexandra Hill, sa ministre des affaires étrangères, lors de la création de la Commission internationale contre l’impunité au Salvador, le 6 septembre 2019 à San Salvador. JOSE CABEZAS / REUTERS

« Nous poursuivrons les corrompus mais aussi les corrupteurs ! », a promis le nouveau président salvadorien, Nayib Bukele, en lançant, vendredi 6 septembre, une Commission internationale contre l’impunité au Salvador (Cicies). L’annonce, intervenue trois jours après la fin d’une initiative similaire au Guatemala voisin, dont la Cicies s’est inspirée, suscite une vague de critiques dans un pays miné par l’omerta des partis traditionnels.

C’est par un décret présidentiel que M. Bukele a lancé la Cicies en collaboration avec l’Organisation des Etats américains (OEA). Une promesse de campagne honorée juste avant de célébrer, dimanche 8 septembre, les cent premiers jours de son gouvernement. Elu triomphalement début février avec 53 % des suffrages sur un programme réformateur, ce président de 38 ans a annoncé : « Nous voulons des condamnations. »

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En ligne de mire de la Cicies : les dérives des partis, Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN, gauche) et Alliance républicaine nationaliste (Arena, droite), au pouvoir depuis vingt ans. « Elle [la Cicies] sera indépendante, neutre et transparente », a assuré, vendredi, le premier président issu ni du FMLN ni de l’Arena depuis la fin de la guerre civile (1979-1992) qui a fragilisé l’Etat de droit, érigeant l’impunité des élus en mode de gouvernement. Le Salvador occupe le 105e rang des 180 pays les plus corrompus au sein du classement de Transparency International.

Sur le modèle guatémaltèque

Selon les sondages, la Cicies est soutenue par une large majorité de Salvadoriens, lassés par les nombreux scandales restés impunis. Depuis des années, des dizaines de hauts fonctionnaires ont été impliqués dans des affaires de malversations financières, dont plusieurs anciens présidents. En tête, Mauricio Funes (2009 à 2014, FMLN) qui s’est réfugié au Nicaragua après avoir été accusé d’un détournement supposé de 351 millions de dollars.

Pour redresser la barre, Bekele avait annoncé lors de sa campagne son intention de reprendre le modèle de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (Cicig), créée en 2006 par un accord entre les Nations unies (ONU) et le Congrès guatémaltèque. Avec 70 structures criminelles démantelées et plus de 400 personnes condamnées, la Cicig a fait ses preuves, entraînant notamment la démission, en 2015, du président Otto Pérez Molina (2012-2015).

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Des succès qui ont néanmoins provoqué sa chute. Le mandat de la Cigig n’a pas été reconduit, le 3 septembre, par le président guatémaltèque, Jimmy Morales, après que la Commission a demandé la levée de son immunité, soupçonnant M. Morales de financement électoral illicite.

Levée de boucliers de parlementaires

Mêmes réticences politiques au Salvador, où l’initiative jumelle de M. Bekele provoque une levée de boucliers de nombreux parlementaires du FMLN, d’Arena mais aussi d’autres partis d’opposition. L’ancien secrétaire général du FMLN, Medardo Gonzalez, a brandi dans la presse le spectre d’« une perte de souveraineté nationale », dénonçant même un « coup d’Etat ».

Sans majorité à l’Assemblée législative, M. Bukele s’est résolu à revoir sa copie. Le président a passé un partenariat avec l’OEA, et non pas avec l’ONU, évitant ainsi la nécessité d’un accord législatif préalable. La création de la Cicies par un décret présidentiel pourrait néanmoins limiter la portée de cette petite révolution judiciaire. L’instance n’a pas d’attribution pénale, impliquant l’approbation de l’Assemblée législative.

Autre différence : la Cicies disposera d’un bureau au sein de la police et non pas au sein du ministère public comme l’ancienne Cicig. L’organisme salvadorien ne sera ainsi pas décideur des poursuites en justice. Sans compter que la police salvadorienne reste une des institutions les plus corrompues et infiltrées par le crime organisé.

Au point que les observateurs comparent plutôt la Cicies à la Mission d’appui à la lutte contre la corruption et l’impunité au Honduras (Maccih). Rattachée aussi à l’OEA, cette dernière dispose de prérogatives plus limitées que la Cicig guatémaltèque.

En face, M. Bukele fait fi des critiques, annonçant la création d’une unité anticorruption au sein de la police nationale et le renforcement des attributions du ministère public pour aider la Cicies à auditer les différentes instances de l’Etat. Pour calmer les esprits des députés de l’opposition, nombreux à craindre une « chasse aux sorcières », M. Bukele a assuré, vendredi, qu’« il n’y aura pas de persécution politique ». Une question reste néanmoins en suspens : à la différence de son homologue guatémaltèque, acceptera-t-il de faire lui-même l’objet d’une enquête ?

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