Le sacre d’Ira Glass, journaliste révolutionnaire et précurseur

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Ira Glass dans un bureau de l’émission de radio « This American Life », à New York, en 2014.
Ira Glass dans un bureau de l’émission de radio « This American Life », à New York, en 2014. FRED R. CONRAD/NYT-REDUX-REA

Une vidéo sommairement montée et une voix off austère ont remplacé l’habituelle conférence de presse, mais, le 4 mai, les jurés du prix Pulitzer ont bien décerné leur ribambelle de récompenses. Pour l’édition 2020, aux côtés des catégories traditionnelles, un prix a été remis pour la première fois. Couronnant un « reportage audio », il est venu sanctifier un monument de la culture américaine : « This American Life », l’une des émissions de radio les plus populaires au monde, avec ses 5,8 millions d’auditeurs hebdomadaires (dont 3,6 millions en podcast).

A sa tête, un homme, Ira Glass, qui est à la FM ce que Tom Wolfe, Joan Didion ou Gay Talese furent à la presse écrite : un révolutionnaire et un précurseur. Dans les années 1970, les nouveaux journalistes mettaient en avant des sujets anonymes et enrichissaient le réel d’effets romanesques. En 1995, Ira Glass décide d’appliquer au reportage radiophonique l’esprit du nouveau journalisme.

« This American Life » est une histoire courte qui éclaire l’auditeur sur le monde, la société, la politique. « Du journalisme de haut niveau, mais incarné », résume Sonia Kronlund, productrice de l’émission de France Culture « Les Pieds sur terre ».

Natif de Baltimore et diplômé de sémiotique, le journaliste a alors 36 ans et travaille à Chicago pour la branche locale de la radio publique NPR. Encouragé par son rédacteur en chef à réfléchir à une nouvelle émission, il crée un show d’une heure qui bouscule les formats traditionnels : on y entend des textes autofictionnels d’écrivains ou de dramaturges, mais aussi et ­surtout des voix de tous les jours, qui racontent des histoires du quotidien. « Personne de connu, personne dont vous avez entendu parler, personne qui passe aux infos », résumait-il en 2007 dans une interview.

Mené par un ou plusieurs ­narrateurs, qui dévoilent les dessous de leur enquête, très écrit et rempli d’anecdotes, de citations et de sons recueillis sur le terrain, chaque épisode de « This American Life » est une histoire courte qui éclaire l’auditeur sur le monde, la société, la politique. « Du journalisme de haut niveau, mais incarné », résume Sonia Kronlund, productrice de l’émission de France Culture « Les Pieds sur terre », qui lui doit beaucoup.

Un modèle qui s’adapte à tous les genres

Sarah Larson, qui couvre les podcasts pour The New Yorker, rembobine : « Avant “This American Life”, certains s’essayaient déjà à des styles ­différents, mais Ira Glass a popularisé et poussé le concept de reportage alternatif en combinant l’enquête avec du storytelling, du son, de la musique, et du reportage brut. » Du documentaire intimiste au journalisme d’investigation, le modèle « This American Life » s’adapte à tous les genres. Parmi les plus de sept cents épisodes archivés en ligne, on trouve donc des témoignages personnels (comme sur deux bébés échangés à la maternité en 1951, ou « Notes on Camp », qui compile des souvenirs de colonies de vacances), des ­reportages (comme ce double épisode de 2013 sur une fusillade dans un lycée de Chicago, qui nécessita cinq mois d’enquête), ­et bien sûr « The Out Crowd », l’épisode, diffusé mi-novembre 2019, qui vient de remporter le fameux Pulitzer.

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