le récit d’une irrésistible ascension

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Le tour de force de l’opposant vénézuélien, reconnu président par intérim par de nombreuses chancelleries, est le fruit de mois de tractations que « Le Monde » a reconstitués.

Par Claire Gatinois, Gilles Paris, Sandrine Morel, Marie Delcas et Jean-Pierre Bricoure Publié aujourd’hui à 05h01

Temps de Lecture 11 min.

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Manifestation des partisans du président autoproclamé vénézuélien Juan Guaido à Caracas, le 12 février.
Manifestation des partisans du président autoproclamé vénézuélien Juan Guaido à Caracas, le 12 février. ISAAC URRUTIA / REUTERS

La main droite est ouverte et levée, l’autre posée sur un exemplaire de la Constitution. Il est peu avant 14 heures et le jeune député de l’opposition Juan Guaido fait face à plusieurs dizaines de milliers de manifestants rassemblés sur l’avenue Francisco de Miranda, cœur de Caracas. « Aujourd’hui 23 janvier 2019, lance-t-il, en tant que président de l’Assemblée nationale, invoquant les articles de la Constitution bolivarienne, devant Dieu tout-puissant et devant mes collègues de l’Assemblée, je jure d’assumer formellement les pouvoirs de l’exécutif national en tant que président en charge du Venezuela. » Tonnerres d’applaudissements.

A peine une dizaine de minutes plus tard, alors que les opposants au régime de Nicolas Maduro battent encore le pavé, Donald Trump annonce dans un communiqué et un tweet qu’il reconnaît le président par intérim.

La déclaration du président américain fait l’effet d’une bombe. Non seulement elle prend de court les dirigeants chavistes, surprend par son côté abrupt et risqué en termes diplomatiques, mais elle renvoie à une action coordonnée inédite.

Il est 15 heures et Luis Almagro, secrétaire général de l’Organisation des Etats américains, basée à Washington, félicite l’impétrant. Encore un quart d’heure et c’est au tour du Canada de reconnaître Juan Guaido. Arrive le Brésil, cinq minutes plus tard. Puis la Colombie et le Pérou. Encore deux heures, et c’est le président du Conseil européen, Donald Tusk, qui dit « espérer que toute l’Europe va être unie en soutien des forces démocratiques au Venezuela ».

Une partition complexe

Jamais un opposant au régime chaviste n’avait suscité un tel élan d’unanimité. En moins d’une après-midi, Juan Guaido, encore inconnu quelques jours plus tôt de la majorité des Vénézuéliens et de la communauté internationale, est devenu le visage d’une opposition qui s’était surtout distinguée, depuis des années, par ses divisions malgré les faiblesses du régime. Pour la première fois, glisse un diplomate occidental à Caracas, elle fait preuve d’une capacité à s’unir, et de manière significative.

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Cette bascule spectaculaire n’a été possible qu’après des mois de tractations en coulisses, de diplomatie secrète, de messages cryptés. Avec le recours aussi à de nombreux intermédiaires auprès de figures historiques de l’opposition comme Leopoldo Lopez, assigné à résidence depuis sa sortie de prison en 2017, ou d’autres partis en exil.

Pour comprendre ce tour de force, il faut remonter les fils, reprendre les étapes. Il a pour point de départ Caracas, mais pas seulement. Il y a aussi Washington, avec un Donald Trump et une administration obnubilés par le Venezuela, comme ils peuvent l’être par l’Iran ou la Corée du Nord. Madrid aussi, où vit une grande partie de la diaspora antichaviste. Le Brésil encore, et la Colombie. Autant de lieux et d’acteurs multiples engagés dans une partition complexe.

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