Le putsch de 2016 raconté par la mère d’un militaire turc emprisonné

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Des soldats turcs arrêtés par la police sur la place Taksim à Istanbul, le 16 juillet 2016.
Des soldats turcs arrêtés par la police sur la place Taksim à Istanbul, le 16 juillet 2016. SELCUK SAMILOGLU / AP

LETTRE D’ISTANBUL

Longtemps Melek Çetinkaya a mené une existence sans histoires. Mariée à un comptable, cette mère de famille de 43 ans vaquait à l’entretien de son appartement situé dans un faubourg d’Ankara et à l’éducation de sa progéniture, deux garçons et une fille, qui, elle en était sûre, étaient promis à un avenir brillant.

Son aîné, Furkan, faisait toute sa fierté. Cadet à l’Académie de l’armée de l’air à Istanbul, sa carrière de pilote de chasse semblait toute tracée. Jusqu’à la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016, où il a été arrêté et incarcéré à la prison de haute sécurité de Silivri à la périphérie d’Istanbul.

Le 19 mai 2017, Furkan et ses camarades, alors âgés de 20 ans, sont jugés et condamnés à la prison à perpétuité. Le juge est d’autant plus déterminé que le président Recep Tayyip Erdogan et son premier ministre du moment, Binali Yidirim, se sont portés partie civile. Melek, qui assiste à l’audience avec d’autres mères, sent le sol se dérober sous ses pieds. « Comment est ce possible ? Ces gamins ne sont pas des putschistes, ils n’ont fait qu’obéir aux ordres de leur commandant, lequel n’a jamais été inquiété », explique-t-elle, calme et digne, dans un café du quartier de Balat à Istanbul.

« Marche pour la justice »

Vêtue du traditionnel « pardesu », ce manteau ample que portent les femmes des milieux conservateurs, la tête recouverte d’un foulard bariolé, la mère de famille raconte comment sa vie a changé du tout au tout après la condamnation de son fils. « Comme personne n’a voulu m’entendre, je n’ai pas eu d’autre solution que de descendre dans la rue. »

Elle décide alors d’organiser une « Marche de la justice » pour attirer l’attention sur le sort des cadets injustement condamnés. Plusieurs dizaines d’autres mères sont prêtes à marcher avec elle depuis le parc Güven à Ankara jusqu’à la prison de Silivri à Istanbul. L’itinéraire, plus de 500 kilomètres, est annoncé sur le compte Twitter de Melek, fort de 20 000 soutiens.

Le 19 janvier à 14 heures, au moment fixé pour le départ de la marche, la mère de famille sort tout juste du métro lorsqu’elle est saisie par des policiers et emmenée au poste. Des dizaines de femmes qui comptaient marcher avec elle sont interpellées.

Relâchée à deux heures du matin, interpellée à nouveau, Melek va passer trois jours en garde à vue. Depuis, sa vie est un enfer. Mise en examen pour « appartenance à une organisation terroriste », elle doit pointer au commissariat chaque mercredi et chaque samedi. Une voiture de police planque devant son domicile, son téléphone est écouté, son mari a reçu des menaces. La police l’a prévenue, si elle essaie de marcher à nouveau elle ira en prison.

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