« Le projet de loi sur la laïcité de l’Etat n’est pas raciste »

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La sociologue Micheline Labelle déplore, dans une tribune au « Monde », que le projet de loi sur la laïcité de l’Etat, en cours d’étude au Québec, soit jugé discriminant par certains de ses opposants. Elle estime que ces critiques sont inspirées par une nouvelle acception du terme racisme qui en dénature le sens.

Publié aujourd’hui à 16h25 Temps de Lecture 5 min.

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« Les attaques du projet de loi 21, qualifié de discriminatoire, proviennent de divers milieux québécois, de journalistes américains, etc. Le premier ministre canadien Justin Trudeau y voit un acte de discrimination fondée sur la religion » (Photo: Justin Trudeau, le 4 mai, à Gatineau, au Québec).
« Les attaques du projet de loi 21, qualifié de discriminatoire, proviennent de divers milieux québécois, de journalistes américains, etc. Le premier ministre canadien Justin Trudeau y voit un acte de discrimination fondée sur la religion » (Photo: Justin Trudeau, le 4 mai, à Gatineau, au Québec). Adrian Wyld / AP

Tribune. L’Assemblée nationale du Québec a été saisie, le 28 mars 2019, du projet de loi sur la laïcité de l’Etat (Projet de loi n° 21). Ce projet vise à enchâsser la laïcité dans une nouvelle loi fondamentale du Québec et à affirmer que « [l]’Etat du Québec est laïque » et que cette laïcité repose sur quatre principes : la séparation de l’Etat et des religions ; la neutralité religieuse de l’Etat ; l’égalité de tous les citoyens et citoyennes et la liberté de conscience et de religion. Le port de signes religieux est interdit aux personnes exerçant un pouvoir de coercition (juges, policiers, etc.) ou d’autorité (enseignants, directeurs d’école) ; une clause protégera les droits acquis des employés actuels.

Le texte affirme que la nation québécoise a « des valeurs sociales distinctes [comparativement à celles du Canada] (…) et un parcours historique spécifique l’ayant amené à développer un attachement particulier à la laïcité de l’État ». Le Québec nourrit en effet une conception de la laïcité se rapprochant davantage de celle de la France, de la Belgique et de la Suisse que de la vision multiconfessionnelle qui prévaut au Canada, aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. Et pourtant, des voix qualifient ce projet de raciste. Mais qu’entend-on par racisme ?

Effets pervers

Le racisme classique ou colonial renvoie à un ensemble de manifestations (préjugés, pratiques, ségrégation, violence et crimes haineux) et de niveaux (de l’infra-racisme au racisme d’Etat impliquant un système juridico-politique organisé). Sa fonction de domination s’appuie sur la fausse notion de « race ».

Des auteurs et des militants estiment pourtant aujourd’hui que le racisme est nécessairement systémique et que nommer la race des dominants et des subalternes est essentiel à l’antiracisme. Ils s’inscrivent dans les courants de pensée des « whiteness studies », de la « critical race theory », du « postcolonialisme » ou de la « décolonialité ».

Un tel discours a des effets pervers. Le racisme est devenu un « buzzword » [« mot tendance »] appliqué à toutes sortes de groupes sociaux et de situations inéquitables. De surcroît, ce détournement de langage a fait de groupes qui se définissent par la religion, de supposées « races ». Un problème majeur consiste d’ailleurs en l’opposition systématique entre majorités et minorités que l’on présente comme des totalités homogènes, indépendamment de toute rigueur sociologique.

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