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Svetlana Alexievitch confiait il y a quelques années ne pas être « une femme des barricades ». La voici pourtant en première ligne de la révolte face à l’autocrate Alexandre Loukachenko. Symbole de ces femmes biélorusses dont le courage, la finesse et la détermination déstabilisent le régime, l’écrivaine prix Nobel de littérature en 2015 est aujourd’hui traquée, écoutée et menacée par les forces de l’ordre. Dernière membre du présidium du conseil de coordination créé par l’opposition pour tenter une transition pacifique du pouvoir, elle a alerté la presse mercredi 9 septembre que des « hommes en noir et masqués » tentaient de pénétrer dans son appartement dans le centre de Minsk.
« Il ne reste plus personne de mes amis et compagnons de route dans le Conseil de coordination. Tous sont en prison ou ont été poussés de force à l’étranger », a-t-elle écrit dans un communiqué. « D’abord ils ont kidnappé le pays, maintenant c’est au tour des meilleurs d’entre nous. Mais des centaines d’autres viendront remplacer ceux qui ont été arrachés de nos rangs. Ce n’est pas le Conseil de coordination qui s’est révolté. C’est le pays », a-t-elle ajouté.
« Abîme » et « guerre civile »
A 72 ans, celle ont l’œuvre incarne sa « passion du réel » dénonçant les conflits, le sacrifice de l’individu par l’Etat, la violence et le mensonge de l’empire soviétique, n’ignore pas que son aura, son âge et sa santé fragile ne sont pas des remparts face à la violence du pouvoir. Avant elle, les autorités biélorusses n’ont pas hésité à briser l’élan de celle qui était devenue l’égérie du soulèvement populaire, Svetlana Tsikhanovskaïa, l’obligeant à fuir vers la Lituanie après avoir enregistré une vidéo de repentir. Dans la foulée, tous les membres éminents de l’opposition ont été arrêtés ou forcés à l’exil. Jusqu’à ce que Maria Kolesnikova ne casse, mardi 9 septembre, la rhétorique de Loukachenko décrivant ses adversaires tels des « rats » prêts à fuir. En déchirant son passeport pour empêcher le pouvoir de l’expulser en Ukraine, celle qui faisait partie de ce trio de femmes, avec Svetlana Tsikhanovskaïa et Veronika Tsepkalo – elle aussi exilée –, qui avaient su galvaniser les foules pour tenter de faire tomber le dictateur, Mme Kolesnikova a mis au jour les affabulations du pouvoir. Elle est aujourd’hui derrière les barreaux, poursuivie pour « appels publics à la prise de pouvoir de l’Etat ».
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