Le président afghan tenu à l’écart des négociations sur l’avenir de son pays

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Américains, talibans afghans et Pakistanais n’ont pas invité Ashraf Ghani à assister aux discussions de Doha sur l’avenir de l’Afghanistan.

Par Jacques Follorou Publié aujourd’hui à 10h42, mis à jour à 10h42

Temps de Lecture 3 min.

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Le président afghan Ashraf Ghani lors d’une conférence des Nations unies, le 28 novembre 2018, à Genève.
Le président afghan Ashraf Ghani lors d’une conférence des Nations unies, le 28 novembre 2018, à Genève. POOL New / REUTERS

Après six mois d’observation, le dialogue de paix engagé entre les Américains et les talibans afghans a pris forme. La cinquième rencontre, débutée lundi 25 février à Doha, au Qatar, entre l’émissaire américain Zalmay Khalilzad et la délégation du mouvement insurgé afghan, qui doit durer jusqu’à dimanche, a figé les rapports de force. Les talibans, les Américains et les Pakistanais, acteurs-clés de l’avenir de l’Afghanistan, sont en butte avec son président, Ashraf Ghani, tenu à l’écart des discussions et soucieux de sauver son pouvoir.

Qualifiant les négociations en cours de « productives », M. Khalilzad a indiqué jeudi 28 février : « Nous continuons à faire des pas lents et constants vers une compréhension [mutuelle] et éventuellement la paix. » Mais le principal écueil sur le chemin de la paix paraît résider davantage à Kaboul qu’à Doha, où un relatif consensus semble s’être créé. « Les Etats-Unis n’ont qu’un objectif : partir, explique Gilles Dorronsoro, professeur à l’université Paris-I et spécialiste de l’Afghanistan. En ce sens, ils ne négocient pas la future paix dans ce pays, ils veulent avant tout organiser leur retrait. » Le général Scott Miller, commandant en chef des forces militaires américaines et de l’OTAN en Afghanistan, assiste d’ailleurs aux pourparlers.

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Les talibans ont répondu favorablement à cette dynamique. Lors d’une précédente rencontre, fin janvier, une « ébauche d’accord » avait acté leur engagement à protéger le territoire de tout groupe terroriste. Le mouvement insurgé a, de plus, renforcé depuis janvier le poids politique de sa délégation à Doha en lui adjoignant le mollah Abdul Ghani Baradar. Libéré par le Pakistan mi-octobre 2018, après huit ans de détention, le mollah Baradar est le cofondateur du mouvement taliban avec le mollah Omar.

En contact avec l’insurrection sur le sol afghan et figure de la Choura (« Conseil ») de Quetta, où siège la direction du mouvement, il avait été arrêté en 2010 à Karachi pour avoir discuté avec des intermédiaires envoyés par Kaboul sans l’accord des Pakistanais. Ses relations s’étaient distendues avec le mollah Omar sans qu’il perde pour autant de sa légitimité.

Crispation entre Ghani et Khalizad

Pour leur part, les Pakistanais, exclus dans un premier temps du face-à-face amorcé mi-2018 entre talibans et Américains, paraissent heureux d’avoir réussi à rester un acteur de l’avenir afghan, notamment en libérant le mollah Baradar. Ils n’ont par ailleurs jamais caché qu’ils craignaient qu’un retrait brutal et désordonné des troupes américaines ne crée davantage de troubles qu’il n’apporte de paix. « Les Pakistanais sont sérieusement engagés dans le processus, de même que les talibans, ce qui n’est pas le cas de Kaboul », a confié au Monde un diplomate américain.

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