[ad_1]

Ce sera donc le 28 juin. Après deux mois d’imbroglios politico-juridiques, la présidente de la Diète (Chambre basse), Elzbieta Witek, membre du parti national-conservateur Droit et justice (PiS), a annoncé, mercredi 3 juin, la nouvelle date officielle du premier tour de l’élection présidentielle.
Initialement fixé au 10 mai, le scrutin n’avait alors pas pu se dérouler en raison des risques de contamination au Covid-19. Bien que la pandémie ait eu en Pologne une ampleur limitée, le confinement et le manque de volontaires pour la tenue des bureaux de vote rendaient l’exercice pratiquement impossible.
Le PiS, au pouvoir depuis 2015, avait tenté de contourner la difficulté en généralisant en dernière minute le vote par correspondance, jusqu’alors réservé aux personnes handicapées. Le PiS semblait d’autant plus déterminé à ne pas reporter l’élection que son candidat, le président sortant Andrzej Duda, était donné favori.
Valeur juridique incertaine
Son projet s’était toutefois heurté à un mur de critiques émanant des partis d’opposition, d’experts internationaux et, surtout, de députés de l’Entente, frange modérée de la majorité parlementaire. En plus d’ignorer le problème de l’inégalité entre des candidats interdits de rassemblements publics et un président qui poursuivait ses déplacements, le projet du PiS retirait à la Commission électorale nationale l’organisation du scrutin pour la remettre au ministère en charge des entreprises publiques. De l’avis du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (ODIRH-OSCE), cela pouvait « affaiblir la confiance du public dans l’administration des élections ».
En dépit de ces lacunes et de l’obstruction du Sénat, où le PiS n’est pas majoritaire, le pouvoir s’était acharné, jusqu’aux derniers jours précédant le 10 mai, à préparer le scrutin sur la base d’une proposition de loi qui n’avait toujours pas été adoptée. C’est seulement sous la menace d’une rupture de la coalition gouvernementale que Jaroslaw Kaczynski, le tout-puissant président du PiS, avait fini par conclure un accord politique avec le chef de l’Entente, Jaroslaw Gowin. Le « pacte des deux Jaroslaw » prévoyait que l’Entente soutienne le vote par correspondance, perçu comme le seul moyen sûr d’organiser l’élection sans attendre la fin de la pandémie, en contrepartie de quoi le PiS acceptait un report du scrutin et des amendements visant à rétablir le rôle de la Commission électorale nationale.
Si cet accord a permis d’éviter une catastrophe électorale, sa valeur juridique est incertaine. Ancien président de la Commission électorale nationale et de la Cour constitutionnelle, Andrzej Zoll rappelle qu’en droit polonais « la seule manière légale de reporter la tenue d’une élection est de déclencher l’état de catastrophe naturelle ». Cela aurait cependant eu pour conséquence de repousser le scrutin d’au moins trois mois et, peut-être, de réduire les chances de réélection d’Andrzej Duda dans le nouveau contexte de crise économique.
« Trop de doutes »
De fait, depuis le début de la pandémie, la Plate-Forme civique, parti libéral-conservateur et principale force d’opposition au PiS, estimait qu’un report de l’élection en fin d’année lui serait favorable. Ce calcul a changé à la mi-mai avec le retrait de la candidature de Malgorzata Kidawa-Blonska au profit de l’actuel maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski. Sitôt entré en lice, il a affiché un style très combatif qui lui permet aujourd’hui dans les sondages de talonner Andrzej Duda lors d’un probable second tour.
Alors que le Sénat semblait encore la semaine dernière vouloir prendre son temps avant de donner son feu vert au nouveau mode de scrutin mixte associant vote à l’isoloir et, en option, vote par correspondance, la direction de la Plate-forme lui a demandé de mettre de côté ses scrupules juridiques pour autoriser la tenue rapide de l’élection, au risque de faciliter plus tard la contestation des résultats. « Ces élections seront frappées d’inconstitutionnalité, je redoute les conséquences que cela peut avoir. C’est pourquoi il n’y a pas de sens à les organiser, il y a trop de doutes », affirme le constitutionnaliste Marcin Matczak. « Le droit a complètement cessé de s’appliquer en Pologne », renchérit Andrzej Zoll. Les sondeurs s’attendent néanmoins à un taux de participation proche de 65 %.
[ad_2]
Source link
Have something to say? Leave a comment: