le Premier ministre appelle au calme après la semaine meurtrière

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Juste Nobel de la Paix, Abiy Ahmed est accusé de dérive autoritaire par le leader de la communauté Oromo, la principale ethnie du pays

Par Publié aujourd’hui à 11h11, mis à jour à 11h13

Temps de Lecture 4 min.

Les supporters de Jawar Mohammed, un leader Oromo très populaire réunis autour de son domicile à Addis Abeba, le 24 octobre 2019. (Photo by STRINGER / AFP)
Les supporters de Jawar Mohammed, un leader Oromo très populaire réunis autour de son domicile à Addis Abeba, le 24 octobre 2019. (Photo by STRINGER / AFP) STRINGER / AFP

Aux abonnés absents depuis plusieurs jours, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a lancé un appel à l’unité samedi soir 26 octobre, après une série de violences qui ont fait au moins 67 morts dans le pays, principalement dans la région Oromia, la plus vaste du pays. « La crise dans laquelle nous nous trouvons deviendra encore plus redoutable et difficile si les Éthiopiens ne s’unissent pas pour ne former plus qu’un », a-t-il déclaré dans un communiqué publié samedi.

Alors qu’Abiy Ahmed assistait au premier sommet Russie-Afrique à Sotchi, le pays s’est enflammé. Si une dizaine de personnes ont été tuées quand la police a ouvert le feu sur des manifestants, plusieurs dizaines d’autres victimes ont perdu la vie lors d’affrontements interethniques. « Certains ont été tués à coups de bâton, de machette, des maisons ont été incendiées. Des armes à feu ont été utilisées », selon Amnesty International. Le chef de l’exécutif a promis de « travailler sans relâche pour faire prévaloir l’état de droit et traduire les responsables en justice », tandis que l’armée a été déployée dans plusieurs villes vendredi pour tenter de restaurer le calme. Objectif partiellement atteint seulement car des incidents ont encore eu lieu samedi.

Ternir le Nobel

Cette flambée de violences vient ternir le bilan du Premier ministre, tout juste auréolé du prix Nobel de la Paix 2 019. Malgré l’ampleur de la crise, ce dernier a attendu samedi soir pour réagir. « Peut-être craignait-il que cela vienne envenimer la situation compte tenu de ses récentes critiques perçues comme étant adressées contre Jawar Mohammed », un activiste très populaire, analyse William Davison, analyste du groupe de réflexion International Crisis Group.

Tout a commencé mardi dernier, peu avant le départ du chef de gouvernement pour la Russie. Abiy Ahmed a mis en garde, lors d’une session de question-réponse au Parlement, les « propriétaires de médias qui n’ont pas de passeport éthiopien et jouent double jeu (…) En période de paix, ils sont là, et quand il y a des troubles, ils ne sont plus là », a-t-il déclaré, ajoutant que sa patience avait des limites, et que des mesures seraient prises contre eux si la paix et l’existence de l’Ethiopie étaient en danger. D’aucuns y ont vu un avertissement à peine voilé contre le militant de nationalité américaine, régulièrement accusé par ses détracteurs d’inciter à la haine ethnique, qui comptabilise plus d’1.75 millions d’abonnés sur Facebook et critique de plus en plus ouvertement le premier ministre.

Lire aussi Avec le Nobel, « Abiy Ahmed risque de délaisser sa mission d’amener l’Ethiopie à la démocratie »

Directeur exécutif de la chaîne Oromia Media Network, Jawar Mohammed se veut « le stratège et le communicant de la révolution » oromo, la communauté la plus nombreuse du pays, dont il est issu comme le Premier ministre.
Pendant plusieurs années, depuis l’Etat du Minnesota aux Etats-Unis, où il résidait, il a réussi via l’Internet à mobiliser des milliers de jeunes Oromos, les Qeerroo, en les encourageant à prendre la rue contre le pouvoir central – et plus particulièrement les dirigeants tigréens, accusés d’accaparer tous les leviers politiques et économiques du pays – pour dénoncer la marginalisation de son peuple. Leur révolte, associée à celle d’autres communautés comme les Amhara, la deuxième plus nombreuse du pays, a précipité le départ de l’ancien premier ministre, et permis un changement à la tête de l’exécutif avec l’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed en avril 2018.

Sur invitation de ce dernier, Jawar Mohammed est rentré d’exil en août 2018, et bénéficiait depuis lors d’une protection fédérale. Mais dans la nuit de mardi à mercredi, le bouillant militant a accusé les autorités de vouloir écarter les hommes qui assurent sa sécurité sans l’en avoir au préalable alerté. « Le plan n’était pas de m’arrêter, mais d’écarter mon service de sécurité pour mieux lancer ensuite sur moi une foule d’assaillants », a-t-il déclaré dans une publication Facebook.

« Down, Down Abiy ! »

Ce message a provoqué l’ire de ses supporters au point que dès le lendemain matin, des centaines de jeunes Qeerroo se sont spontanément rassemblés devant sa résidence d’Addis-Abeba pour assurer eux-mêmes la protection de leur leader, et prononcer des slogans contre le Premier ministre. « Down, Down Abiy ! » (Dégage, Abiy !) La protestation s’est propagée comme une traînée de poudre à la région Oromia, dont il est originaire – comme Abiy Ahmed- et à d’autres villes comme Harar et Dire Dawa, dans l’est. En dépit des déclarations de la police fédérale qui assurait mercredi qu’« aucune mesure (n’avait) été prise ni par le gouvernement ni par les forces de police contre Jawar Mohammed ».

Des bandes de jeunes ont bloqué des routes. Certains ont été photographiés brûlant des exemplaires du livre du Premier ministre traduit en langue oromo, dans lequel il explique son concept de « Medemer » – synergie et rassemblement – et prône le vivre-ensemble et l’unité. L’autodafé d’un ouvrage qui avait été lancé en grande pompe le week-end précédent, prouve une nouvelle fois la fragilité de la popularité d’Abiy auprès des jeunes de la région Oromia qui apportent un soutien sans faille à Jawar Mohammed. Ce dernier a accusé le Premier ministre de dérive dictatoriale et d’intimidations après avoir appelé au calme, jeudi 24 octobre.

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