« Le populisme économique, seul moyen de lutter contre le populisme politique »

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Depuis plusieurs décennies, les contraintes imposées aux politiques économiques semblent conduites par des intérêts particuliers, suscitant une révolte de la part de populations qui se vivent étrangères dans leur propre pays, explique l’économiste turc, dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 13h30 Temps de Lecture 6 min.

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Il existe, au fond, deux grands courants de pensée concernant les racines du populisme. L’un se concentre sur la culture, l’autre sur l’économie. Le point de vue culturel considère Trump, le Brexit et la montée des partis politiques nativistes [qui s’opposent à toute nouvelle immigration] de droite en Europe continentale comme les conséquences d’une fracture croissante, sur le terrain des valeurs, entre conservateurs sociaux et libéraux sociaux. Les tenants de la perspective économique, quant à eux, voient le populisme comme le résultat d’anxiétés et d’insécurités économiques, elles-mêmes dues aux crises financières, à l’austérité et à la mondialisation.

Pippa Norris, de la Kennedy School of Government à l’université Harvard, et Ronald Inglehart, de l’université du Michigan, expliquent dans un ouvrage récent, Cultural Backlash : Trump, Brexit, and Authoritarian Populism (Cambridge University Press, 564 pages, non traduit en français), que le populisme autoritaire est la conséquence d’une fracture générationnelle à long terme dans le domaine des valeurs. Alors que les jeunes générations ont adopté les valeurs « postmatérialistes » qui promeuvent la laïcité, les libertés individuelles, l’autonomie et la diversité, les générations plus âgées se sentent de plus en plus aliénées, « étrangères dans leur propre pays ». Dans un raisonnement similaire, Will Wilkinson, du think tank américain Niskanen Center, souligne le rôle de l’urbanisation dans cette fracturation de la société en termes de valeurs culturelles (mais aussi de situations économiques).

Chocs économiques

Du fait que les tendances culturelles telles que le postmatérialisme et les valeurs favorisées par l’urbanisation évoluent par nature sur le long terme, elles n’expliquent pas entièrement pourquoi la réaction populiste se manifeste maintenant. En vérité, ceux qui mettent en avant des raisons essentiellement culturelles à l’émergence de cette réaction reconnaissent en même temps que les chocs économiques ont exacerbé les fractures culturelles, fournissant aux populistes autoritaires le coup de pouce dont ils avaient besoin. En d’autres termes, la mondialisation, les crises financières et l’austérité ont été autant de facteurs qui ont révélé des fractures socioculturelles latentes.

Les économistes ont produit de nombreuses études liant soutien politique aux populistes et chocs économiques. Dans ce qui est probablement la plus connue d’entre elles, David Autor, David Dorn, Gordon Hanson et Kaveh Majlesi [« Importing Political Polarization ? The Electoral Consequences of Rising Trade Exposure », NBER Working Paper, 2016] ont montré que, lors de l’élection présidentielle de 2016, la proportion des voix qui se sont exprimées en faveur de Trump dans les différentes régions américaines était fortement corrélée à l’ampleur des chocs commerciaux négatifs causés par la Chine. Le choc commercial chinois pourrait même avoir été la cause principale de la victoire électorale de Donald Trump en 2016. Selon les estimations des auteurs, si les importations chinoises avaient été de 50 % inférieures au taux qui a été le leur pendant la période 2002-2014, Hillary Clinton aurait remporté l’élection.

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