Le pont de Crimée, symbole de l’annexion de la péninsule ukrainienne

0
259

[ad_1]

La Russie met les bouchées doubles pour achever la construction d’un chemin de fer parallèle au pont sur le détroit de Kertch.

Par Isabelle Mandraud Publié aujourd’hui à 10h08

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

Des avions de guerre russes survolent le pont du détroit de Kertch, le 25 novembre 2018.
Des avions de guerre russes survolent le pont du détroit de Kertch, le 25 novembre 2018. Pavel Rebrov / REUTERS

La route rapiécée fait soudain place à une belle artère, deux voies dans chaque sens, toute neuve. Venant d’Anapa, dans la région russe de Krasnodar, il ne faut pas plus d’une heure trente en voiture pour rejoindre le pont de Crimée et ses dix-huit kilomètres d’asphalte suspendus au-dessus des flots couleur bronze, divisés entre la mer d’Azov, à droite, et la mer Noire, à gauche. A quelques encablures, à peine, de l’Ukraine.

Inauguré en mai 2018 par Vladimir Poutine, qui s’était glissé pour l’occasion au volant d’un camion KamAZ orange vif, l’ouvrage bâti sur le détroit de Kertch est devenu le symbole le plus criant de l’annexion de la péninsule ukrainienne, ratifiée au Kremlin le 18 mars 2014. Son emblème, même, que l’on retrouve aujourd’hui sous forme de tee-shirts ou de tasses à l’autre bout du pont, dans les magasins de souvenirs de Kertch, à l’extrémité orientale de la péninsule. Cinq ans plus tard, en présence de son président, la Russie s’apprête à célébrer le rattachement de la Crimée, non reconnu par la communauté internationale.

« Neuf cents heures de tempête »

Par gros temps, un panneau prévient l’automobiliste qu’il faut réduire sa vitesse. Le détroit est réputé pour ses violentes tempêtes hivernales. Il souffle un vent glacial à décorner les bœufs au sommet du pont, mais rien n’a fait dévier sa construction, confiée à Arkadi Rotenberg, un proche du chef du Kremlin. Jusqu’à 15 000 ouvriers et ingénieurs se sont relayés pour mener à bien le projet en un temps record, malgré les craintes des experts, malgré les sanctions occidentales, et son coût global évalué à 3 milliards d’euros.

Au même endroit, en 1943, Hitler avait projeté d’élever un pont similaire en six mois. Un autre a vu le jour en 1944, sur le même tracé, après la défaite des troupes allemandes, avant de s’écrouler, victime des glaces. Staline en avait rêvé, Poutine l’a fait. Comme un trait indélébile pour empêcher tout retour en arrière.

Le trafic n’est pas très dense sur le tablier, même si, selon la version officielle, plus de 3,5 millions de véhicules ont emprunté cette nouvelle route depuis son ouverture, et mille camions de marchandises effectuent chaque jour la traversée. Qu’importent les chiffres : le pont de Crimée préfigure désormais une nouvelle étape. Bientôt, d’ici à la fin de l’année, son frère jumeau, ferroviaire cette fois, parallèle mais plus mince et plus haut, sera achevé, qui devrait acheminer quinze trains par jour.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: