le poison du déni 25 ans après le massacre de Srebrenica

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A Bosnian Muslim woman walks between graves of victims of Srebrenica genocide, at the cemetery in Potocari, near Srebrenica July 9, 2020. Photo Damir Sagolj for Le Monde

DAMIR SAGOLJ POUR “LE MONDE”

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Publié aujourd’hui à 13h26

C’est un poison à diffusion lente et aux effets dévastateurs. Un poison qui ne tue pas forcément à chaque génération mais qui, habilement utilisé au moment opportun, devient l’instrument des crimes les plus insensés.

Au moment où l’on célèbre, samedi 11 juillet à Srebrenica, le 25e anniversaire de la pire tuerie, en une seule opération militaire, des guerres yougoslaves (1991-2001), le poison du déni s’est infiltré partout dans les Balkans, et au-delà. Il est l’outil qui permet de poursuivre dans la paix les objectifs de guerre – la séparation entre les communautés –, et qui prépare le terrain pour de futurs conflits, armés ou non.

Ailleurs dans le monde, ce négationnisme est un terreau fertile pour des nationalistes et des mouvements d’extrême droite ayant actuellement le vent en poupe, avec pour cible principale les communautés musulmanes. La version négationniste serbe de l’histoire de l’ex-Yougoslavie est ainsi très présente dans les manifestes d’Anders Breivik, l’auteur des attentats contre les jeunes militants travaillistes à Oslo et Utoya, en Norvège (2011), ou de Brenton Tarrant, responsable des attaques contre des fidèles musulmans dans deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande (2019).

Le phénomène du déni n’a rien de nouveau : il commence même le plus souvent au moment où le crime est commis, voire en amont. Dans le cas de Srebrenica, où l’armée serbe du général Ratko Mladic a assassiné plus de sept mille Bosniaques musulmans, prisonniers ou en fuite dans les forêts, après la prise de l’enclave le 11 juillet 1995, le déni a commencé avec la volonté de masquer le crime : des centaines de cadavres ont été déterrés pendant des mois des fosses communes originelles pour être enterrés ou éparpillés ailleurs.

A la Commission Internationale des personnes disparues (ICMP), un légiste travaille à l’identification des restes d’une victime, à Tuzla, le 6 juillet.
Un légiste étudie un crâne découvert dans les charniers de la région, le 6 juillet.
A Tuzla, le 6 juillet, dans un hangar de la Commission Internationale des personnes disparues où sont conservés les ossements découverts dans les fosses communes de la région, en attente de leur identification.

Il s’est poursuivi par la justification du crime en évoquant des combats antérieurs, par la minimisation du nombre de Bosniaques exécutés, et finalement par le refus du verdict du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye à l’encontre du président bosno-serbe Radovan Karadzic, du général Ratko Mladic et de leurs complices, condamnés non seulement pour « crimes de guerre » mais aussi pour « génocide », un qualificatif unanimement réfuté dans le camp serbe.

Nationalismes croisés

Le déni n’est évidemment pas uniquement serbe : en ex-Yougoslavie, il touche tous les pouvoirs politiques et toutes les communautés. Si les nationalistes serbes sont les plus actifs dans le négationnisme sur les conflits des années 1990 en Bosnie et au Kosovo, tous les camps ont tenté de masquer des crimes ou de leur trouver des justifications mensongères. Et les nationalistes croates sont, quant à eux, les plus déterminés dans le négationnisme sur la seconde guerre mondiale, avec de multiples tentatives de réhabiliter certaines figures de l’Etat croate oustachi pronazi, ou d’en minimiser le caractère criminel.

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