le parti au pouvoir à l’épreuve de la « révolution Jan Kuciak »

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A Bratislava, en mars 2018, des manifestants brandissent une photo de l’ex-premier ministre slovaque Robert Fico poussé à la démission après le meurtre d’un journaliste d’investigation.
A Bratislava, en mars 2018, des manifestants brandissent une photo de l’ex-premier ministre slovaque Robert Fico poussé à la démission après le meurtre d’un journaliste d’investigation. JOE KLAMAR / AFP

Dans les bureaux du préfet de Sobrance, district pauvre et rural accroché à la frontière ukrainienne dans l’est de la Slovaquie, l’atmosphère n’est pas au beau fixe. « J’ai déjà commencé à ranger », ne cache pas Boleslav Leso, en recevant Le Monde à quelques jours des élections législatives, organisées samedi 29 février, dans ce petit Etat d’Europe centrale. En ce dimanche, les curés ont appelé, dans toutes les églises du pays, à en finir avec « la corruption », et les bureaux vides de la préfecture renforcent encore plus l’impression de fin du monde propre à cette ville des confins de l’Union européenne, où n’habitent plus que 6 300 habitants.

Jusqu’à peu, le préfet de 54 ans avait pourtant tout de l’inamovible baron. « J’ai consacré ma vie entière à ce district », résume cet homme jovial et rond, qui est aussi président de la section locale et candidat pour les législatives du Smer (« Direction »), le parti de gauche populiste au pouvoir en Slovaquie de façon quasi ininterrompue depuis 2006. « On a distribué pas mal d’argent ici », liste-t-il en montrant les affiches vantant les annonces de déblocage de fonds publics. Sans oublier les garnisons de policiers chargés de surveiller cette frontière extérieure de l’espace Schengen.

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Mais Boleslav Leso voit tout ça s’effondrer : « Ils ont organisé un vote blanc dans la classe de mon fils. Seuls lui et deux de ses copains ont voté Smer. Dans la rue, les gens me disent : On t’aime bien, mais le problème, c’est ton étiquette. » Amer mais prévoyant, il a déjà anticipé son limogeage, fortement probable si, dans la capitale Bratislava, à cinq cents kilomètres de là, le Smer perd le pouvoir : « C’est une révolution, et toute révolution fait forcément des victimes. »

« Il a toujours augmenté nos retraites »

La « révolution » qui s’apprête à emporter le préfet Boleslav porte un nom : Jan Kuciak. Survenu le 21 février 2018, l’assassinat de ce jeune journaliste d’investigation et de sa compagne continue de secouer le pays. La mort de Jan Kuciak, abattu par un commando envoyé à son domicile par Marian Kocner, un mafieux notoire sur lequel il enquêtait, est venue rappeler, même dans ces contrées de l’Est slovaque d’habitude peu regardantes, le prix à payer pour la corruption endémique.

« Ici, même pour aller voir un médecin, vous vous demandez d’abord comment passer devant tout le monde. Tout est dirigé par le Smer, et les gens ont peur », raconte ainsi Matej Repel, ornithologue de 37 ans. Juste après le double meurtre, ce défenseur de l’environnement a osé sortir dans la rue et prendre la parole dans les cortèges spontanés organisés dans la grande ville de la région, Michalovce. Même s’ils n’étaient qu’une poignée à protester devant la mairie, quelques bougies témoignent encore que Jan Kuciak reste dans les esprits. D’autant que les assassins et le commanditaire présumés sont actuellement en procès et que la Slovaquie découvre, chaque jour, des nouvelles ramifications que le mafieux avait tissées au sein du pouvoir.

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